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Plus fort que Sherlock Holmès

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– Dites-moi, voulez-vous me rendre un service ?

– Si je veux? en voilà une question! Je suis votre homme. Dites ce que vous voulez, et vous me verrez voler.

– Allez dire à la marchande de marrons de tout planter là, et de vite porter ce message à son meilleur ami; recommandez-lui de prier cet ami de faire la boule de neige. »

Il exposa la nature du message, et le quitta en disant: « Maintenant, dépêchez-vous. »

Un instant après, les paroles du ramoneur étaient en voie de parvenir à l'empereur.

III

Le lendemain, vers minuit, les médecins étaient assis dans la chambre impériale et chuchotaient entre eux, très inquiets, car la maladie de l'empereur semblait grave. Ils ne pouvaient se dissimuler que chaque fois qu'ils lui administraient une nouvelle drogue, il s'en trouvait plus mal. Cette constatation les attristait, en leur enlevant tout espoir. Le pauvre empereur émacié somnolait, les yeux fermés. Son page favori chassait les mouches autour de son chevet et pleurait doucement. Tout à coup le jeune homme entendit le léger froufrou d'une portière qu'on écarte; il se retourna et aperçut le lord grand-maître du palais qui passait la tête par la portière entrebâillée et lui faisait signe de venir à lui. Vite le page accourut sur la pointe des pieds vers son cher ami le grand-maître; ce dernier lui dit avec nervosité :

– Toi seul, mon enfant, peux le persuader. Oh! n'y manque pas. Prends ceci, fais-le lui manger et il est sauvé.

– Sur ma tête, je le jure il le mangera.

C'étaient deux grosses tranches de melon d'eau, fraîches, succulentes d'aspect.

IV

Le lendemain matin, la nouvelle se répandit partout que l'empereur était hors d'affaire et complètement remis. En revanche, il avait fait pendre les médecins. La joie éclata dans tout le pays, et on se prépara à illuminer magnifiquement.

Après le déjeuner, Sa Majesté méditait dans un bon fauteuil: l'empereur voulait témoigner sa reconnaissance infinie, et cherchait quelle récompense il pourrait accorder pour exprimer sa gratitude à son bienfaiteur.

Lorsque son plan fut bien arrêté, il appela son page et lui demanda s'il avait inventé ce remède. Le jeune homme dit que non, que le grand maître du palais le lui avait indiqué.

L'empereur le congédia et se remit à réfléchir :

Le grand-maître avait le titre de comte: il allait le créer duc, et lui donnerait de vastes propriétés qu'il confisquerait à un membre de l'opposition. Il le fit donc appeler et lui demanda s'il était l'inventeur du remède. Mais le grand-maître, qui était un honnête homme, répondit qu'il le tenait du grand chambellan. L'empereur le renvoya et réfléchit de nouveau: le chambellan était vicomte; il le ferait comte, et lui donnerait de gros revenus. Mais le chambellan répondit qu'il tenait le remède du premier lord de service.

Il fallait encore réfléchir. Ceci indisposa un peu Sa Majesté qui songea à une récompense moins magnanime. Mais le premier lord de service tenait le remède d'un autre gentilhomme! L'empereur s'assit de nouveau et chercha dans sa tête une récompense plus modeste et mieux proportionnée à la situation de l'inventeur du remède.

Enfin de guerre lasse, pour rompre la monotonie de ce travail imaginatif et hâter la besogne, il fit venir le grand chef de la police, et lui donna l'ordre d'instruire cette affaire et d'en remonter le fil, pour lui permettre de remercier dignement son bienfaiteur.

Dans la soirée, à neuf heures, le grand chef de la police apporta la clef de l'énigme. Il avait suivi le fil de l'histoire, et s'était ainsi arrêté à un jeune gars, du nom de Jimmy, ramoneur de profession. L'empereur s'écria avec une profonde émotion.

– C'est ce brave garçon qui m'a sauvé la vie! il ne le regrettera pas.

Et… il lui envoya une de ses paires de bottes, celles qui lui servaient de bottes numéro deux !

Elles étaient trop grandes pour Jimmy, mais chaussaient parfaitement le vieux Zulu. A part cela, tout était bien !! !

III

CONCLUSION DE L'HISTOIRE DE L'HOMME AU MESSAGE

– Maintenant, saisissez-vous mon idée ?

– Je suis obligé de reconnaître que vous êtes dans le vrai. Je suivrai vos conseils et j'ai bon espoir de conclure mon affaire demain. Je connais intimement le meilleur ami du directeur général. Il me donnera une lettre d'introduction avec un mot explicatif sur l'intérêt que peut présenter mon affaire pour le gouvernement. Je le porterai moi-même sans avoir pris de rendez-vous préalable et le ferai remettre au directeur avec ma carte. Je suis sûr que je n'aurai pas à attendre une demi-minute.

Tout se passa à la lettre, comme il le prévoyait, et le gouvernement adopta les chaussures.

LES GEAIS BLEUS

Les animaux causent entre eux; personne n'en peut douter, mais je crois que peu de gens comprennent leur langage. Je n'ai jamais connu qu'un homme possédant ce don particulier; mais je suis certain qu'il le possède, car il m'a fortement documenté sur la question.

C'était un mineur d'âge moyen, au cœur simple; il avait vécu longtemps dans les forêts et les montagnes solitaires de la Californie, étudiant les mœurs de ses seuls voisins, les animaux et les oiseaux; il parvint ainsi à traduire fidèlement leurs gestes et leurs attitudes. Il s'appelait Jim Baker. Selon lui, quelques animaux ont une éducation des plus sommaires et n'emploient que des mots très simples, sans comparaisons ni images fleuries; d'autres, au contraire, possèdent un vocabulaire étendu, un langage choisi, et jouissent d'une énonciation facile; ces derniers sont naturellement plus bavards, ils aiment entendre le son de leur voix et sont ravis de produire leur petit effet. Après une mûre observation, Baker conclut que les geais bleus sont les plus beaux parleurs de tous les oiseaux et animaux. Voici ce qu'il raconte :

« Le geai bleu est très supérieur aux autres animaux; mieux doué qu'eux, il a des sentiments plus affinés et plus élevés, et il sait les exprimer tous, dans un langage élégant, harmonieux et très fleuri. Quant à la facilité d'élocution, vous ne voyez jamais un geai bleu rester à court de mots. Ils lui viennent tout naturellement d'abord à l'esprit, ensuite au bout de la langue. Autre détail: j'ai observé bien des animaux, mais je n'ai jamais vu un oiseau, une vache ou aucune autre bête parler une langue plus irréprochable que le geai bleu. Vous me direz que le chat s'exprime merveilleusement. J'en conviens, mais prenez-le au moment où il entre en fureur, au moment où il se crêpe le poil avec un autre chat, au milieu de la nuit; vous m'en direz des nouvelles, la grammaire qu'il emploie vous donnera le tétanos !

« Les profanes s'imaginent que les chats nous agacent par le tapage qu'ils font en se battant; profonde erreur! en réalité, c'est leur déplorable syntaxe qui nous exaspère. En revanche, je n'ai jamais entendu un geai employer un mot déplacé; le fait est des plus rares, et quand ils se rendent coupables d'un tel méfait, ils sont aussi honteux que des êtres humains; ils ferment le bec immédiatement et s'éloignent pour ne plus revenir.

« Vous appelez un geai un oiseau: c'est juste, car il a des plumes et n'appartient au fond à aucune paroisse; mais à part cela, je le déclare un être aussi humain que vous et moi. Je vous en donnerai la raison: les facultés, les sentiments, les instincts, les intérêts des geais sont universels. Un geai n'a pas plus de principes qu'un député ou un ministre: il ment, il vole, il trompe, et trahit avec la même désinvolture, et quatre fois sur cinq il manquera à ses engagements les plus solennels. Un geai n'admet jamais le caractère sacré d'une parole donnée. Autre trait caractéristique: le geai jure comme un mineur. Vous trouvez déjà que les chats jurent comme des sapeurs; mais donnez à un geai l'occasion de sortir son vocabulaire au grand complet, vous m'en direz des nouvelles: il battra le chat, haut la main, dans ce record spécial. Ne cherchez pas à me contredire: je suis trop au courant de leurs mœurs. Autre particularité: le geai bleu surpasse toute créature humaine ou divine dans l'art de gronder: il le fait simplement avec un calme, une mesure, et une pondération parfaite. Oui, monsieur, un geai vaut un homme. Il pleure, il rit, et prend des airs contrits; je l'ai entendu raisonner, se disputer et discuter; il aime les histoires, les potins, les scandales; avec cela plein d'esprit, il sait reconnaître ses torts aussi bien que vous et moi. Et maintenant je vais vous raconter une histoire de geais bleus, parfaitement authentique :

« Lorsque je commençai à comprendre leur langage, il survint ici un petit incident. Le dernier homme qui habitait la région avec moi, il y a sept ans, s'en alla. Vous voyez d'ailleurs sa maison. Elle est restée vide depuis; elle se compose d'une hutte en planches, avec une grande pièce et voilà tout; un toit de chaume et pas de plafond. Un dimanche matin, j'étais assis sur le seuil de ma hutte, et je prenais l'air avec mon chat; je regardais le ciel bleu, en écoutant le murmure solitaire des feuilles, et en songeant, rêveur, à mon pays natal dont j'étais privé de nouvelles depuis treize ans; un geai bleu parut sur cette maison déserte; il tenait un gland dans son bec, et se mit à parler: « Tiens, disait-il, je viens de me heurter à quelque chose. » Le gland tomba de son bec, roula par terre; il n'en parut pas autrement contrarié et resta très absorbé par son idée. Il avait vu un trou dans le toit; il ferma un œil, tourna la tête successivement des deux côtés, et essaya de voir ce qu'il y avait au fond de ce trou; je le vis bientôt relever la tête, son œil brillait. Il se mit à battre des ailes deux ou trois fois, ce qui est un indice de grande satisfaction, et s'écria: « C'est un trou ou je ne m'y connais pas; c'est sûrement un trou. »

« Il regarda encore; son œil s'illumina, puis, battant des ailes et de la queue, il s'écria: « J'en ai, une veine! C'est un trou, et un trou des mieux conditionnés. » D'un coup d'aile, il plongea, ramassa le gland et le jeta dans le trou; sa physionomie exprimait une joie indescriptible, lorsque soudain son sourire se figea sur son bec, et fit place à une profonde stupeur: « Comment se fait-il, dit-il, que je ne l'aie pas entendu tomber? » Il regarda de nouveau, et resta très pensif; il fit le tour du trou en tous sens, bien décidé à percer ce mystère; il ne trouva rien. Il s'installa alors sur le haut du toit, et se prit à réfléchir en se grattant la tête avec sa patte. « Je crois que j'entreprends là un travail colossal; le trou doit être immense, et je n'ai pas le temps de m'amuser. »

« Il s'en alla à tire d'aile, ramassa un autre gland, le jeta dans le trou et essaya de voir jusqu'où il était tombé, mais en vain; alors il poussa un profond soupir. « Le diable s'en mêle, dit-il, je n'y comprends plus rien, mais je ne me laisserai pas décourager pour si peu. » Il retourna chercher un gland et recommença son expérience, sans arriver à un résultat meilleur.

« C'est curieux, marmotta-t-il; je n'ai jamais vu un trou pareil; c'est évidemment un nouveau genre de trou. » Il commençait pourtant à s'énerver. Persuadé qu'il avait affaire à un trou ensorcelé, il secouait la tête en ronchonnant; il ne perdit pas cependant tout espoir et ne se laissa pas aller au découragement. Il arpenta le toit de long en large, revint au trou et lui tint ce langage: « Vous êtes un trou extraordinaire, long, profond; un trou peu banal, mais j'ai décidé de vous remplir; j'y arriverai coûte que coûte, dussé-je peiner des années. »

Il se mit donc au travail; je vous garantis que vous n'avez jamais vu un oiseau aussi actif sous la calotte des cieux. Pendant deux heures et demie, il ramassa et jeta des glands avec une ardeur dévorante, sans même prendre le temps de regarder où en était son ouvrage. Mais la fatigue l'envahit et il lui sembla que ses ailes pesaient cent kilos chacune. Il jeta un dernier gland et soupira: « Cette fois je veux être pendu si je ne me rends pas maître de ce trou. » Il regarda de près son travail. Vous allez me traiter de blagueur, lorsque je vous dirai que je vis mon geai devenir pâle de colère.

« Comment, s'écria-t-il, j'ai réuni là assez de glands pour nourrir ma famille pendant trente ans et je n'en vois pas la moindre trace. Il n'y a pas à en douter: si j'y comprends quelque chose, je veux que l'on m'empaille, qu'on me bourre le ventre de son et qu'on me loge au musée. » Il eut à peine la force de se traîner vers la crête du toit et de s'y poser, tant il était brisé de fatigue et de découragement. Il se ressaisit pourtant et rassembla ses esprits.

« Un autre geai passa; l'entendant invoquer le ciel, il s'enquit du malheur qui lui arrivait. Notre ami lui donna tous les détails de son aventure. « Voici le trou, lui dit-il, et si vous ne me croyez pas, descendez vous convaincre vous-même. » Le camarade revint au bout d'un instant: « Combien avez-vous enfoui de glands là-dedans? » demanda-t-il. – « Pas moins de deux tonneaux. »

« Le nouveau venu retourna voir, mais, n'y comprenant rien, il poussa un cri d'appel qui attira trois autres geais. Tous, réunis, procédèrent à l'examen du trou, et se firent raconter de nouveau les détails de l'histoire; après une discussion générale leurs opinions furent aussi divergentes que celles d'un comité de notables humains réunis pour trancher d'une question grave. Ils appelèrent d'autres geais; ces volatiles accoururent en foule si compacte que leur nombre finit par obscurcir le ciel. Il y en avait bien cinq mille; jamais de votre vie vous n'avez entendu des cris, des querelles et un carnage semblables. Chacun des geais alla regarder le trou; en revenant, il s'empressait d'émettre un avis différent de son prédécesseur. C'était à qui fournirait l'explication la plus abracadabrante. Ils examinèrent la maison par tous les bouts. Et comme la porte était entr'ouverte, un geai eut enfin l'idée d'y pénétrer. Le mystère fut bien entendu éclairci en un instant: il trouva tous les glands par terre. Notre héros battit des ailes et appela ses camarades: « Arrivez! arrivez! criait-il; ma parole! cet imbécile n'a-t-il pas eu la prétention de remplir toute la maison avec des glands? » Ils vinrent tous en masse, formant un nuage bleu; en découvrant la clef de l'énigme ils s'esclaffèrent de la bêtise de leur camarade.

« Eh bien! monsieur, après cette aventure, tous les geais restèrent là une grande heure à bavarder comme des êtres humains. Ne me soutenez donc plus qu'un geai n'a pas l'esprit grivois; je sais trop le contraire. Et quelle mémoire aussi! Pendant trois années consécutives, je vis revenir, chaque été, une foule de geais des quatre coins des États-Unis: tous admirèrent le trou, d'autres oiseaux se joignirent à ces pèlerins, et tous se rendirent compte de la plaisanterie, à l'exception d'une vieille chouette originaire de Nova-Scotia. Comme elle n'y voyait que du bleu, elle déclara qu'elle ne trouvait rien de drôle à cette aventure; elle s'en retourna, et regagna son triste logis très désappointée. »

COMMENT J'AI TUÉ UN OURS

On a raconté tant d'histoires invraisemblables sur ma chasse à l'ours de l'été dernier, à Adirondack, qu'en bonne justice je dois au public, à moi-même et aussi à l'ours, de relater les faits qui s'y rattachent avec la plus parfaite véracité. Et d'ailleurs il m'est arrivé si rarement de tuer un ours, que le lecteur m'excusera de m'étendre trop longuement peut-être sur cet exploit.

Notre rencontre fut inattendue de part et d'autre. Je ne chassais pas l'ours, et je n'ai aucune raison de supposer que l'ours me cherchait. La vérité est que nous cueillions des mûres, chacun de notre côté, et que nous nous rencontrâmes par hasard, ce qui arrive souvent. Les voyageurs qui passent à Adirondack ont souvent exprimé le désir de rencontrer un ours; c'est-à-dire que tous voudraient en apercevoir un, de loin, dans la forêt; ils se demandent d'ailleurs ce qu'ils feraient en présence d'un animal de cette espèce. Mais l'ours est rare et timide et ne se montre pas souvent.

C'était par une chaude après-midi d'août; rien ne faisait supposer qu'un événement étrange arriverait ce jour-là. Les propriétaires de notre chalet eurent l'idée de m'envoyer dans la montagne, derrière la maison, pour cueillir des mûres. Pour arriver dans les bois, il fallait traverser des prairies en pente, tout entrecoupées de haies, vraiment fort pittoresques. Des vaches pâturaient paisibles, au milieu de ces haies touffues dont elles broutaient le feuillage. On m'avait aimablement muni d'un seau, et prié de ne pas m'absenter trop longtemps.

Pourquoi, ce jour-là, avais je pris un fusil? Ce n'est certes pas par intuition, mais par pur amour-propre. Une arme, à mon avis, devait me donner une contenance masculine et contrebalancer l'effet déplorable produit par le seau que je portais; et puis, je pouvais toujours faire lever un perdreau (au fond j'aurais été très embarrassé de le tirer au vol, et surtout de le tuer). Beaucoup de gens emploient des fusils pour chasser le perdreau; moi je préfère la carabine qui mutile moins la victime et ne la crible pas de plombs. Ma carabine était une « Sharps », faite pour tirer à balle. C'était une arme excellente qui appartenait à un de mes amis; ce dernier rêvait depuis des années de s'en servir pour tuer un cerf. Elle portait si juste qu'il pouvait, – si le temps était propice et l'atmosphère calme, – atteindre son but à chaque coup. Il excellait à planter une balle dans un arbre à condition toutefois que l'arbre ne fût pas trop éloigné. Naturellement, l'arbre devait aussi offrir une certaine surface !

Inutile de dire que je n'étais pas à cette époque un chasseur émérite. Il y a quelques années, j'avais tué un rouge-gorge dans des circonstances particulièrement humiliantes. L'oiseau se tenait sur une branche très basse de cerisier. Je chargeai mon fusil, me glissai sous l'arbre, j'appuyai mon arme sur la haie, en plaçant la bouche à dix pas de l'oiseau, je fermai les yeux et tirai! Lorsque je me relevai pour voir le résultat, le malheureux rouge-gorge était en miettes, éparpillées de tous les côtés, et si imperceptibles que le meilleur naturaliste n'aurait jamais pu déterminer à quelle famille appartenait l'oiseau.

Cet incident me dégoûta à tout jamais de la chasse; si j'y fais allusion aujourd'hui, c'est uniquement pour prouver au lecteur que malgré mon arme je n'étais pas un ennemi redoutable pour l'ours.

On avait déjà vu des ours dans ces parages, à proximité des mûriers. L'été précédent, notre cuisinière nègre, accompagnée d'une enfant du voisinage, y cueillait des mûres, lorsqu'un ours sortit de la forêt, et vint au-devant d'elle. L'enfant prit ses jambes à son cou et se sauva. La brave Chloé fut paralysée de terreur; au lieu de chercher à courir, elle s'effondra sur place, et se mit à pleurer et à hurler au perdu. L'ours, terrorisé par ces simagrées, s'approcha d'elle, la regarda, et fit le tour de la bonne femme en la surveillant du coin de l'œil. Il n'avait probablement jamais vu une femme de couleur, et ne savait pas bien au fond si elle ferait son affaire; quoi qu'il en soit, après réflexion, il tourna les talons et regagna la forêt. Voilà un exemple authentique de la délicatesse d'un ours, beaucoup plus remarquable que la douceur du lion africain envers l'esclave auquel il tend la patte pour se faire extirper une épine. Notez bien que mon ours n'avait pas d'épine dans le pied.
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