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Самые смешные рассказы / Les histoires drôles

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Самые смешные рассказы / Les histoires dr?les
Альфонс Доде

И. В. Геннис

Легко читаем по-французски
В издании представлены новеллы классика французской литературы Альфонса Доде (1840 – 1897) из его сборника «Письма с моей мельницы». Это «Козочка господина Сегена», «Папский мул», «Кюкюньянский кюре», «Легенда о человеке с золотыми мозгами» и «Эликсир его преподобия отца Гоше». В них – с добрым юмором, а подчас и с едкой иронией – рассказываются истории из жизни обитателей юга Франции, точнее, Прованса. В основе этих новелл народные предания, переработанные и во многом преображённые фантазией автора. Прекрасный французский язык, богатый и в то же время не слишком сложный, забавные сюжетные повороты, ненавязчивая мораль (наиболее отчётливая в «Легенде о человеке с золотыми мозгами», пожалуй, единственной новелле, где печаль «берёт верх» над юмором) – всё это делает настоящую книгу весьма полезной для тех, кто начинает изучать французский язык. Текст новелл незначительно сокращен, лексико-грамматические трудности пояснены. Лучше понять и усвоить содержание помогают упражнения, а также французско-русский словарь в конце книги.

Самые смешные рассказы / Les histoires dr?les

© Геннис И.В., подготовка текста, комментарии, упражнения и словарь

© ООО «Издательство АСТ», 2019

Alphonse Daudet

Les lettres de mon moulin

La ch?vre de M. Seguin

A M. Pierre Gringoire, po?te lyrique ? Paris.

Tu seras bien toujours le m?me, mon pauvre Gringoire !

Comment ! on t’offre une place de chroniqueur dans un bon journal de Paris, et tu as l’aplomb de refuser… Mais regarde-toi, malheureux gar?on ! Regarde ce pourpoint trouе, ces chausses en dеroute[1 - ces chausses en dеroute – изношенные штаны], cette face maigre qui crie la faim[2 - cette face maigre qui crie la faim – это худое лицо, что вопит о голоде]. Voil? pourtant o? t’a conduit la passion des belles rimes ! Voil? ce que t’ont valu dix ans de loyaux services dans les pages du sire Apollo[3 - Voil? ce que t’ont valu dix ans de loyaux services dans les pages du sire Apollo… – Вот чего стоили тебе десять лет верной службы у его величества Аполлона…]… Est-ce que tu n’as pas honte, ? la fin ?

Fais-toi donc chroniqueur, imbеcile ! fais-toi chroniqueur ! Tu gagneras beaucoup d’argent, tu auras ton couvert chez Brеbant[4 - Brеbant – Бребан, парижский ресторатор].

Non ? Tu ne veux pas ? Tu prеtends rester libre ? ta guise jusqu’au bout… Eh bien, еcoute un peu l’histoire de La ch?vre de M. Seguin. Tu verras ce que l’on gagne ? vouloir vivre libre.

M. Seguin n’avait jamais eu de bonheur avec ses ch?vres.

Il les perdait toutes de la m?me fa?on ; un beau matin, elles cassaient leur corde, s’en allaient dans la montagne, et l?-haut le loup les mangeait. Ni les caresses de leur ma?tre, ni la peur du loup, rien ne les retenait. C’еtaient, para?t-il, des ch?vres indеpendantes, voulant ? tout prix le grand air et la libertе.

Le brave M. Seguin, qui ne comprenait rien au caract?re de ses b?tes, еtait consternе. Il disait :

« C’est fini ; les ch?vres s’ennuient chez moi, je n’en garderai pas une. »

Cependant, il ne se dеcouragea pas, et, apr?s avoir perdu six ch?vres de la m?me mani?re, il en acheta une septi?me ; seulement, cette fois, il eut soin de la prendre toute jeune[5 - il eut soin de la prendre toute jeune – он позаботился о том, чтобы взять молодую козочку], pour qu’elle s’habitu?t mieux ? demeurer chez lui.

Ah ! Gringoire, qu’elle еtait jolie la petite ch?vre de M. Seguin ! qu’elle еtait jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zеbrеes et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande ! C’еtait presque aussi charmant que le cabri d’Esmеralda – tu te rappelles, Gringoire ? – et puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans l’еcuelle. Un amour de petite ch?vre…

M. Seguin avait derri?re sa maison un clos entourе d’aubеpines. C’est l? qu’il mit la nouvelle pensionnaire. Il l’attacha ? un pieu au plus bel endroit du prе, en ayant soin de lui laisser beaucoup de corde, et de temps en temps il venait voir si elle еtait bien. La ch?vre se trouvait tr?s heureuse et broutait l’herbe de si bon cCur que M. Seguin еtait ravi.

« Enfin, pensait le pauvre homme, en voil? une qui ne s’ennuiera pas chez moi ! »

M. Seguin se trompait, sa ch?vre s’ennuya.

Un jour, elle se dit en regardant la montagne :

« Comme on doit ?tre bien l?-haut ! Quel plaisir de gambader dans la bruy?re, sans cette maudite longe qui vous еcorche le cou !… C’est bon pour l’?ne ou le bCuf de brouter dans un clos !… Les ch?vres, il leur faut du large. »

A partir de ce moment, l’herbe du clos lui parut fade. L’ennui lui vint. Elle maigrit, son lait se fit rare[6 - Elle maigrit, son lait se fit rare. – Она похудела, молоко стала давать редко.]. C’еtait pitiе de la voir tirer tout le jour sur sa longe, la t?te tournеe du c?tе de la montagne, la narine ouverte, en faisant Mе !… tristement.

M. Seguin s’apercevait bien que sa ch?vre avait quelque chose, mais il ne savait pas ce que c’еtait… Un matin, comme il achevait de la traire, la ch?vre se retourna et lui dit dans son patois[7 - dans son patois – на своём наречии] :

« Ecoutez, monsieur Seguin, je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne.

– Ah ! mon Dieu !… Elle aussi ! » cria M. Seguin stupеfait, et du coup il laissa tomber son еcuelle ; puis, s’asseyant dans l’herbe ? c?tе de sa ch?vre :

« Comment, Blanquette, tu veux me quitter ! » Et Blanquette rеpondit :

« Oui, monsieur Seguin.

– Est-ce que l’herbe te manque ici ?

– Oh ! non, monsieur Seguin.

– Tu es peut-?tre attachеe de trop court[8 - Tu es peut-?tre attachеe de trop court. – Может, слишком коротка твоя привязь.]. Veux-tu que j’allonge la corde ?

– Ce n’est pas la peine[9 - Ce n’est pas la peine. – Не стоит беспокоиться.], monsieur Seguin.

– Alors, qu’est-ce qu’il te faut ? qu’est-ce que tu veux ?

– Je veux aller dans la montagne, monsieur Seguin.

– Mais, malheureuse, tu ne sais pas qu’il y a le loup dans la montagne… Que feras-tu quand il viendra ?

– Je lui donnerai des coups de cornes[10 - Je lui donnerai des coups de cornes. – Я ему наподдам рогами.], monsieur Seguin.

– Le loup se moque bien de tes cornes. Il m’a mangе des biques autrement encornеes que toi[11 - Il m’a mangе des biques autrement encornеes que toi… – Он у меня сожрал коз и пободливее тебя…]… Tu sais bien, la pauvre vieille Renaude qui еtait ici l’an dernier ? une ma?tresse ch?vre, forte et mеchante comme un bouc. Elle s’est battue avec le loup toute la nuit… puis, le matin, le loup l’a mangеe.

– Pеca?re ! Pauvre Renaude !… ?a ne fait rien, monsieur Seguin, laissez-moi aller dans la montagne.

– Bontе divine !… dit M. Seguin ; mais qu’est-ce qu’on leur fait donc ? mes ch?vres ? Encore une que le loup va me manger… Eh bien, non… je te sauverai malgrе toi, coquine ! et de peur que tu ne rompes ta corde, je vais t’enfermer dans l’еtable, et tu y resteras toujours. »

L?-dessus, M. Seguin emporte la ch?vre dans une еtable toute noire, dont il ferma la porte ? double tour. Malheureusement, il avait oubliе la fen?tre, et ? peine eut-il le dos tournе, que la petite s’en alla…

Tu ris, Gringoire ? Parbleu ! je crois bien ; tu es du parti des ch?vres[12 - tu es du parti des ch?vres – ты на стороне коз], toi, contre ce bon M. Seguin… Nous allons voir si tu riras tout ? l’heure.

Quand la ch?vre blanche arriva dans la montagne, ce fut un ravissement gеnеral. Jamais les vieux sapins n’avaient rien vu d’aussi joli. On la re?ut comme une petite reine. Les ch?taigniers se baissaient jusqu’? terre pour la caresser du bout de leurs branches. Toute la montagne lui fit f?te[13 - Toute la montagne lui fit f?te. – Все на этой горе воздавали ей почести. (fit f?te: форма Passе simple от faire f?te)].

Tu penses, Gringoire, si notre ch?vre еtait heureuse ! Plus de corde, plus de pieu… rien qui l’emp?ch?t de gambader, de brouter ? sa guise[14 - brouter ? sa guise – щипать траву в своё удовольствие]… C’est l? qu’il y en avait de l’herbe ! jusque par-dessus les cornes, mon cher !… Et quelle herbe ! Savoureuse, fine, dentelеe, faite de mille plantes… C’еtait bien autre chose que le gazon du clos. Et les fleurs donc !… De grandes campanules bleues, des digitales de pourpre ? longs calices, toute une for?t de fleurs sauvages dеbordant de sucs capiteux !…

La ch?vre blanche, ? moitiе saoule, se vautrait l?-dedans les jambes en l’air et roulait le long des talus, p?le-m?le, avec les feuilles tombеes et les ch?taignes… Puis, tout ? coup, elle se redressait d’un bond sur ses pattes. Hop ! la voil? partie, la t?te en avant, ? travers les maquis et les buissi?res, tant?t sur un pic, tant?t au fond d’un ravin, l?-haut, en bas, partout… On aurait dit qu’il y avait dix ch?vres de M. Seguin dans la montagne. C’est qu’elle n’avait peur de rien, la Blanquette[15 - la Blanquette – здесь определённый артикль, употреблённый перед кличкой животного, можно передать по-русски так: эта самая Бланкетта.].

Elle franchissait d’un saut de grands torrents qui l’еclaboussaient au passage de poussi?re d’еcume. Alors, toute ruisselante, elle allait s’еtendre sur quelque roche plate et se faisait sеcher par le soleil… Une fois, s’avan?ant au bord d’un plateau, elle aper?ut en bas, tout en bas dans la plaine, la maison de M. Seguin avec le clos derri?re. Cela la fit rire aux larmes[16 - Cela la fit rire aux larmes. – Она расхохоталась до слёз.].

« Que c’est petit ! dit-elle ; comment ai-je pu tenir l?-dedans [17 - comment ai-je pu tenir l?-dedans ? – как я там умещалась?] ? »

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