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Plus fort que Sherlock Holmès

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2017
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– Comment? tu oses me répondre, à moi? Coupe, allume, te dis-je !

Le jeune garçon fit ce qui lui était commandé.

– Sacrebleu, hurla Flint; tu coupes une mèche aussi courte… je voudrais que tu sautes avec…

Dans sa colère, il retira l'échelle et s'enfuit.

Fetlock resta terrorisé.

– Oh! mon Dieu! mon Dieu! au secours! Je suis perdu, criait-il. Que faire? que faire ?

Il s'adossa au mur et s'y cramponna comme il put: le pétillement de la poudre qui s'allumait l'empêchait d'articuler un son; sa respiration s'arrêta, il était là sans force et inerte; encore deux ou trois secondes, et il volerait en l'air avec les blocs de pierre. Une inspiration subite lui vint. Il allongea le bras, saisit la mèche et coupa l'extrémité qui dépassait d'un pouce au-dessus du sol; il était sauvé! Il tomba à moitié évanoui et mort de peur, murmurant avec un sourire sur les lèvres :

– Il m'a montré! Je savais bien qu'avec de la patience, j'y arriverais !

Cinq minutes après, Buckner se glissa furtivement au puits, l'air gêné et inquiet, et en examina le fond. Il comprit la situation et vit ce qui était arrivé; il descendit l'échelle. Fetlock put remonter malgré son grand affaiblissement et son émotion. Il était livide; sa mine effrayante parut impressionner Buckner qui essaya de lui témoigner un regret et un semblant de sympathie; mais ces deux sentiments lui étaient trop inconnus pour qu'il sût les exprimer.

– C'est un accident, lui dit-il. N'en parle à personne, n'est-ce pas? J'étais énervé et ne savais plus très bien ce que je faisais. Tu me parais fatigué, tu as trop travaillé aujourd'hui. Va à ma cabane et mange tout ce que tu voudras; ensuite, repose-toi bien.

N'oublie pas que cet accident est dû à mon seul énervement.

– Vous m'avez bien effrayé, lui dit Fetlock en s'en allant, mais j'ai au moins appris quelque chose, je ne le regrette pas.

– Pas difficile à contenter, marmotta Buckner en l'observant du coin de l'œil. Je me demande s'il en parlera; l'osera-t-il? Quelle guigne qu'il n'ait pas été tué !

Fetlock ne pensa pas à se reposer pendant le congé qui lui avait été accordé; il l'employa à travailler avec ardeur et à préparer, fiévreusement, son plan de vengeance. Des broussailles épaisses couvraient la montagne du côté de la demeure de Flint. Fetlock s'y cacha et adopta cette retraite pour machiner son complot. Ses derniers préparatifs devaient se faire dans le bouge qui lui servait de hutte.

– S'il a le moindre soupçon à mon endroit, pensa-t-il, il a bien tort de croire que je raconterai ce qui s'est passé; d'ailleurs, il ne le croira pas longtemps; bientôt il sera fixé. Demain je ne me départirai pas de ma douceur et de ma timidité habituelles qu'il croit inaltérables. Mais après-demain, au milieu de la nuit, sa dernière heure aura sonné sans que personne au monde puisse soupçonner l'auteur de sa mort et la manière dont elle sera survenue. Le piquant de la chose est que lui-même m'en ait suggéré l'idée.

V

Le jour suivant s'écoula sans aucun incident. Minuit va sonner et, dans peu d'instants, une nouvelle journée commencera. La scène se passe au bar, dans la salle de billard. Des hommes d'aspect commun, aux vêtements grossiers, coiffés de chapeaux à larges bords, portent leurs pantalons serrés dans de grosses bottes, ils sont tous en veston et se tiennent groupés autour d'un poêle de fonte qui, bourré de charbon, leur distribue une généreuse chaleur; les billes de billard roulent avec un son fêlé; à l'intérieur de la salle, on n'entend pas d'autre bruit; mais, au dehors, la tempête mugit. Tous paraissent ennuyés et dans l'attente.

Un mineur, aux épaules carrées, entre deux âges, avec des favoris grisonnants, l'œil dur et la physionomie maussade, se lève sans mot dire, il passe son bras dans un rouleau de mèche, ramasse quelques objets lui appartenant et sort sans prendre congé de ses compagnons. C'est Flint Buckner. A peine la porte est-elle refermée sur lui que la conversation, gênée par sa présence, reprend avec entrain.

– Quel homme réglé! il vaut une pendule, dit Jack Parker, le forgeron, sans tirer sa montre; on sait qu'il est minuit quand il se lève pour sortir.

– Sa régularité est bien la seule qualité qu'il possède, répliqua le mineur Peter Hawes, je ne lui en connais pas d'autre; vous non plus, que je sache ?

– Il fait tache parmi vous, dit Ferguson, l'associé de Well-Fargo. Si j'étais propriétaire de cet établissement, je le forcerais bien à se démuseler un jour ou l'autre, qu'il le veuille ou pas !

En même temps il lança un regard significatif au patron du bar qui fit semblant de ne pas comprendre, car l'homme en question était une bonne pratique, et rentrait chaque soir chez lui après avoir consommé un stock de boissons variées servies par le bar.

Dites donc, les amis, demanda le mineur Ham Sandwich, l'un de vous se souvient-il que Buckner lui ait jamais offert un cocktail ?

– Qui? lui? Flint Buckner? Ah! non certes !

Cette réponse ironique sortit avec un ensemble parfait de la bouche de tous les assistants.

Après un court silence, Pat Riley, le mineur, reprit :

– Cet oiseau-là est un vrai phénomène. Et son aide tout autant que lui. Moi, je ne les comprends ni l'un ni l'autre; je donne ma langue au chat !

– Vous êtes pourtant un malin, répondit Ham Sandwich, mais, ma foi, les énigmes que sont ces deux individus restent impossibles à deviner. Le mystère qui entoure le patron enveloppe également son acolyte. C'est bien votre avis n'est-ce pas ?

– Pour sûr !

Chacun acquiesça. Un seul d'entre eux gardait le silence. C'était le nouvel arrivant, Peterson. Il commanda une tournée de rafraîchissements pour tous et demanda si, en dehors de ces deux types étranges, il existait au camp un troisième phénomène.

– Nous oublions Archy Stillmann, répondirent-ils tous.

Celui-là aussi est donc un drôle de pistolet? demanda Peterson.

– On ne peut pas vraiment dire que cet Archy Stillmann soit un phénomène, continua Ferguson, l'employé de Well-Fargo; il me fait plutôt l'effet d'un toqué !

Ferguson avait l'air de savoir ce qu'il disait. Et comme Peterson désirait connaître tout ce qui concernait Stillmann, chacun se déclara prêt à lui raconter sa petite histoire. Ils commencèrent tous à la fois, mais Billy Stevens, le patron du bar, rappela tout le monde à l'ordre, déclarant qu'il valait mieux que chacun parlât à son tour.

Il distribua les rafraîchissements et donna la parole à Ferguson.

Celui-ci commença :

– Il faut d'abord vous dire qu'Archy n'est qu'un enfant, c'est tout ce que nous savons de lui; on peut chercher à le sonder, mais c'est peine perdue; on n'en peut rien tirer; il reste complètement muet sur ses intentions et ses affaires personnelles; il ne dit même pas d'où il est et d'où il vient. Quant à deviner la nature du mystère qu'il cache, c'est impossible, car il excelle à détourner les conversations qui le gênent. On peut supposer tout ce que l'on veut; chacun est libre, mais à quoi cela mène-t-il? A rien, que je sache !

Quel est, en fin de compte, son trait de caractère distinctif? Possède-t-il une qualité spéciale? La vue peut-être, l'ouïe, ou l'instinct? La magie, qui sait? Choisissez, jeunes et vieux, femmes et enfants. Les paris sont ouverts. Eh bien, je vais vous édifier sur ses aptitudes; vous pouvez venir ici, disparaître, vous cacher, où vous voudrez, n'importe où; près ou loin, il vous trouvera toujours et mettra la main sur vous.

– Pas possible ?

– Comme j'ai l'honneur de vous le dire. Le temps ne compte pas pour lui, l'état des éléments le laisse bien indifférent, il n'y prête aucune attention; rien ne le dérange !

– Allons donc! et l'obscurité? la pluie? la neige ?

– Hein ?

– Tout cela lui est bien égal. Il s'en moque.

– Et le brouillard ?

– Le brouillard! ses yeux le percent comme un boulet de canon! Tenez, jeunes gens. Je vais vous raconter quelque chose de plus fort. Vous me traiterez de blagueur !

– Non, non, nous vous croyons, crièrent-ils tous en chœur. Continuez, Well-Fargo.

– Eh bien! messieurs, supposez que vous laissiez Stillmann ici en train de causer avec vos amis: sortez sans rien dire, dirigez-vous vers le camp et entrez dans une cabane quelconque de votre choix; prenez-y un livre, plusieurs si vous voulez, ouvrez-les aux pages qu'il vous plaira en vous rappelant leurs numéros; il ira droit à cette cabane et ouvrira le ou les livres aux pages touchées par vous; il vous les désignera toutes sans se tromper.

– Ce n'est pas un homme, c'est un démon.

– Je suis de votre avis. Et maintenant, je vous raconterai un de ses exploits les plus merveilleux.

– La nuit dernière, il a…
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