Оценить:
 Рейтинг: 0

Plus fort que Sherlock Holmès

Год написания книги
2017
<< 1 ... 3 4 5 6 7 8 9 10 11 ... 19 >>
На страницу:
7 из 19
Настройки чтения
Размер шрифта
Высота строк
Поля

Ferguson était ravi de son succès; l'approbation générale de ses camarades le rendait triomphant. Il restait assis tranquille et silencieux pour savourer son bonheur.

Il murmura pourtant, d'une voix inquiète :

– C'est à se demander comment Dieu a pu créer un pareil phénomène.

Au bout d'un moment Ham Sandwich répondit :

– S'il l'a créé, il a dû s'y prendre à plusieurs fois, j'imagine !

II

Vers huit heures du soir, à la fin de ce même jour, par une nuit brumeuse, deux personnes marchaient à tâtons du côté de la hutte de Flint Buckner. C'était Sherlock Holmès et son neveu.

– Attendez-moi un instant sur le chemin, mon oncle, je vous prie, dit Fetlock; je cours à ma hutte, j'en ai pour deux minutes à peine.

Il demanda quelque chose à son oncle qui le lui donna et disparut dans l'obscurité; mais il fut bientôt de retour, et leur causerie reprit son cours avec leur promenade. A neuf heures, leur marche errante les avait ramenés à la taverne. Ils se frayèrent un chemin jusqu'à la salle de billard, où une foule compacte s'était groupée dans l'espoir d'apercevoir l'« Homme Illustre ». Des vivats frénétiques l'accueillirent; M. Holmès remercia en saluant aimablement et au moment où il sortit, son neveu s'adressa à l'assemblée, disant :

– Messieurs, mon oncle Sherlock a un travail pressant à faire qui le retiendra jusqu'à minuit ou une heure du matin, mais il reviendra dès qu'il pourra, et espère bien que quelques-uns d'entre vous seront encore ici pour trinquer avec lui.

– Par saint Georges! Quel généreux seigneur !

– Mes amis! Trois vivats à Sherlock Holmès, le plus grand homme qui ait jamais vécu, cria Ferguson. « Hip, hip, hip !!! » « Hurrah! hurrah! hurrah! »

– Ces clameurs tonitruantes secouèrent la maison, tant les jeunes gens mettaient de cœur à leur réception. Arrivé dans sa chambre, Sherlock dit à son neveu, sans mauvaise humeur :

– Que diable! Pourquoi m'avez-vous mis cette invitation sur les bras ?

– Je pense que vous ne voulez pas vous rendre impopulaire, mon oncle? Il serait fâcheux de ne pas vous attirer les bonnes grâces de tout ce camp de mineurs. Ces gars vous admirent; mais si vous partiez sans trinquer avec eux, ils prendraient votre abstention pour du « snobisme ». Et du reste, vous nous avez dit que vous aviez une foule de choses à nous raconter, de quoi nous tenir éveillés une partie de la nuit.

Le jeune homme avait raison et faisait preuve de bon sens. Son oncle le reconnut. Il servait en même temps ses propres intérêts et fit cette réflexion pratique dans son for intérieur :

– Mon oncle et les mineurs vont être fameusement commodes pour me créer un alibi qui ne pourra être contesté.

L'oncle et le neveu causèrent dans leur chambre pendant trois heures. Puis, vers minuit, Fetlock descendit seul, se posta dans l'obscurité à une douzaine de pas de la taverne et attendit. Cinq minutes après, Flint Buckner sortait en se dandinant de la salle de billard, il l'effleura presque de l'épaule en passant. « Je le tiens », pensa le jeune garçon.

Et il se dit à lui-même, en suivant des yeux l'ombre de la silhouette: « Adieu, mon ami, adieu pour tout de bon, Flint Buckner! Tu as traité ma mère de… c'est très bien, mais rappelle-toi que tu fais aujourd'hui ta dernière promenade! »

Il rentra, sans se presser, à la taverne, en se faisant cette réflexion: « Il est un peu plus de minuit, encore une heure à attendre; nous la passerons avec les camarades… ce sera fameux pour l'alibi. »

Il introduisit Sherlock Holmès dans la salle de billard qui était comble de mineurs, tous impatients de le voir arriver. Sherlock commanda les boissons, et la fête commença. Tout le monde était content et de bonne humeur; la glace fut bientôt rompue. Chansons, anecdotes, boissons se succédèrent (les minutes elles aussi se passaient).

A une heure moins six la gaieté était à son comble :

Boum! un bruit d'explosion suivi d'une commotion.

Tous se turent instantanément. Un roulement sourd arrivait en grondant du côté de la colline; l'écho se répercuta dans les sinuosités de la gorge et vint mourir près de la taverne. Les hommes se précipitèrent à la porte, disant :

– Quelque chose vient de sauter.

Au dehors une voix criait dans l'obscurité :

– C'est en bas dans la gorge, j'ai vu la flamme.

La foule se porta de ce côté: tous, y compris Holmès, Fetlock, Archy Stillmann. Ils firent leur mille en quelques minutes. A la lumière d'une lanterne, ils reconnurent l'emplacement en terre battue où s'élevait la hutte de Flint Buckner; de la cabine elle-même, il ne restait pas un vestige, pas un chiffon, pas un éclat de bois. Pas trace non plus de Flint. On le chercha tout autour; tout à coup quelqu'un cria :

– Le voilà !

C'était vrai. A cinquante mètres plus bas, ils l'avaient trouvé ou plutôt ils avaient découvert une masse informe et inerte qui devait le représenter. Fetlock Jones accourut avec les autres et regarda.

L'enquête fut l'affaire d'un quart d'heure. Ham Sandwich, chef des jurés, rendit le verdict, sous une forme plutôt primitive qui ne manquait pas d'une certaine grâce littéraire, et sa conclusion établit que le défunt s'était donné la mort ou bien qu'il fallait l'attribuer à une ou plusieurs personnes inconnues du jury; il ne laissait derrière lui ni famille, ni héritage; pour tout inventaire une hutte qui avait sauté en l'air. Que Dieu ait pitié de lui! C'était le vœu de tous.

Après cette courte oraison funèbre, le jury s'empressa de rejoindre le gros de la foule où se trouvait l'attraction générale personnifiée dans Sherlock Holmès. Les mineurs se tenaient en demi-cercle en observant un silence respectueux; au centre de ce demi-cercle, se trouvait l'emplacement de la hutte maintenant détruite. Dans cet espace vide s'agitait Holmès, l'homme prodigieux, assisté de son neveu qui portait une lanterne. Il prit avec un ruban d'arpentage les mesures des fondations de la hutte, releva la distance des ajoncs à la route, la hauteur des buissons d'ajoncs et prit encore d'autres mesures.

Il ramassa un chiffon d'un côté, un éclat de bois d'un autre, une pincée de terre par ici, les considéra attentivement et les mit de côté avec soin. Il détermina la longitude du lieu au moyen d'une boussole de poche en évaluant à deux secondes les variations magnétiques. Il prit l'heure du Pacifique à sa montre et lui fit subir la correction de l'heure locale. Il mesura à grands pas la distance de l'emplacement de la hutte au cadavre en tenant compte de la différence de la marée. Il nota l'altitude, la température avec un anéroïde et un thermomètre de poche. Enfin, il déclara magistralement en saluant de la tête :

– C'est fini, vous pouvez rentrer, messieurs !

Il prit la tête de la colonne pour regagner la taverne, suivi de la foule qui commentait cet événement et vouait à l'« homme prodigieux » un vrai culte d'admiration, tout en cherchant à deviner l'origine et l'auteur de ce drame.

– Savez-vous, camarades, que nous pouvons nous estimer heureux d'avoir Sherlock au milieu de nous? dit Ferguson.

– C'est vrai, voilà peut-être le plus grand événement du siècle! reprit Ham Sandwich. Il fera le tour du monde, souvenez-vous de ce que je vous dis.

– Parions! dit Jake Parker le Forgeron, qu'il va donner un grand renom au camp. N'est-ce pas votre avis, Well-Fargo ?

– Eh bien, puisque vous voulez mon opinion là-dessus je puis vous dire ceci :

Hier, j'aurais vendu ma concession sans hésiter à deux dollars le pied carré; aujourd'hui, je vous réponds que pas un d'entre vous ne la vendrait à seize dollars.

– Vous avez raison, Well-Fargo! Nous ne pouvions pas rêver un plus grand bonheur pour le camp. Dites donc, l'avez-vous vu collectionner ces chiffons, cette terre, et le reste? Quel œil il a! Il ne laisse échapper aucun détail; il veut tout voir, c'est plus fort que lui.

– C'est vrai! Et ces détails qui paraissent des niaiseries au commun des mortels, représentent pour lui un livre grand ouvert imprimé en gros caractères. Soyez bien persuadés que ces petits riens recèlent de mystérieux secrets; ils ont beau croire que personne ne pourra les leur arracher; quand Sherlock y met la main, il faut qu'ils parlent, qu'ils rendent gorge.

– Camarades, je ne regrette plus qu'il ait manqué la partie de chasse à l'enfant; ce qui vient de se passer ici est beaucoup plus intéressant et plus complexe; Sherlock va pouvoir étaler devant nous son art et sa science dans toute leur splendeur.

Inutile de dire que nous sommes tous contents de la façon dont l'enquête a tourné.

– Contents! Par saint Georges! ce n'est pas assez dire !

Archy aurait mieux fait de rester avec nous et de s'instruire en regardant comment Sherlock procède. Mais non, au lieu de cela, il a perdu son temps à fourrager dans les buissons et il n'a rien vu du tout.

– Je suis bien de ton avis, mais que veux-tu; Archy est jeune. Il aura plus d'expérience un peu plus tard.

– Dites donc, camarades, qui, d'après vous, a fait le coup ?

La question était embarrassante; elle provoqua une série de suppositions plus ou moins plausibles. On désigna plusieurs individus considérés comme capables de commettre cet acte, mais ils furent éliminés un à un. Personne, excepté le jeune Hillyer, n'avait vécu dans l'intimité de Flint Buckner; personne ne s'était réellement pris de querelle avec lui; il avait bien eu des différends avec ceux qui essayaient d'assouplir son caractère, mais il n'en était jamais venu à des disputes pouvant amener une effusion de sang. Un nom brûlait toutes les langues depuis le début de la conversation, mais on ne le prononça qu'en dernier ressort: c'était celui de Fetlock Jones. Pat Riley le mit en avant.

– Ah! oui, dirent les camarades. Bien entendu nous avons tous pensé à lui, car il avait un million de raisons pour tuer Flint Buckner; j'ajoute même que c'était un devoir pour lui, mais tout bien considéré, deux choses nous surprennent: d'abord, il ne devait pas hériter du terrain; ensuite, il était éloigné de l'endroit où s'est produite l'explosion.
<< 1 ... 3 4 5 6 7 8 9 10 11 ... 19 >>
На страницу:
7 из 19