Оценить:
 Рейтинг: 0

Bel-Ami / Милый друг

Год написания книги
1885
Теги
<< 1 ... 10 11 12 13 14 15 16 17 18 ... 41 >>
На страницу:
14 из 41
Настройки чтения
Размер шрифта
Высота строк
Поля
Duroy, interdit, balbutia:

– Non, – j'avais cru avoir le temps dans l'apr?s-midi, – j'ai eu un tas de choses ? faire, – je n'ai pas pu…

L'autre leva les еpaules d'un air mеcontent:

– Si tu n'es pas plus exact que ?a, tu rateras ton avenir, toi. Le p?re Walter comptait sur ta copie. Je vais lui dire que ce sera pour demain. Si tu crois que tu seras payе pour ne rien faire, tu te trompes.

Puis, apr?s un silence, il ajouta:

– On doit battre le fer quand il est chaud, que diable!

Saint-Potin se leva:

– Je suis pr?t, dit-il.

Alors Forestier se renversant sur sa chaise, prit une pose presque solennelle pour donner ses instructions, et, se tournant vers Duroy:

– Voil?. Nous avons ? Paris depuis deux jours le gеnеral chinois Li-Theng-Fao, descendu au Continental, et le rajah Taposahib Ramaderao Pali, descendu ? l'H?tel Bristol. Vous allez leur prendre une conversation.

Puis, se tournant vers Saint-Potin:

– N'oublie point les principaux points que je t'ai indiquеs. Demande au gеnеral et au rajah leur opinion sur les menеes de l'Angleterre dans l'Extr?me-Orient, leurs idеes sur son syst?me de colonisation et de domination, leurs espеrances relatives ? l'intervention de l'Europe, et de la France en particulier, dans leurs affaires.

Il se tut, puis il ajouta, parlant ? la cantonade:

– Il sera on ne peut plus intеressant pour nos lecteurs de savoir en m?me temps ce qu'on pense en Chine et dans les Indes sur ces questions, qui passionnent si fort l'opinion publique en ce moment.

Il ajouta, pour Duroy:

– Observe comment Saint-Potin s'y prendra, c'est un excellent reporter, et t?che d'apprendre les ficelles pour vider un homme en cinq minutes.

Puis il recommen?a ? еcrire avec gravitе, avec l'intention еvidente de bien еtablir les distances, de bien mettre ? sa place son ancien camarade et nouveau confr?re.

D?s qu'ils eurent franchi la porte, Saint-Potin se mit ? rire et dit ? Duroy:

– En voil? un faiseur! Il nous la fait ? nous-m?mes. On dirait vraiment qu'il nous prend pour ses lecteurs.

Puis ils descendirent sur le boulevard, et le reporter demanda:

– Buvez-vous quelque chose?

– Oui, volontiers. Il fait tr?s chaud.

Ils entr?rent dans un cafе et se firent servir des boissons fra?ches. Et Saint-Potin se mit ? parler. Il parla de tout le monde et du journal avec une profusion de dеtails surprenants.

– Le patron? Un vrai juif! Et vous savez, les juifs, on ne les changera jamais. Quelle race!

Et il cita des traits еtonnants d'avarice, de cette avarice particuli?re aux fils d'Isra?l, des еconomies de dix centimes, des marchandages de cuisini?re, des rabais honteux demandеs et obtenus, toute une mani?re d'?tre d'usurier, de pr?teur ? gages.

– Et avec ?a, pourtant, un bon zig qui ne croit ? rien et roule tout le monde. Son journal, qui est officieux, catholique, libеral, rеpublicain, orlеaniste, tarte ? la cr?me et boutique ? treize, n'a еtе fondе que pour soutenir ses opеrations de bourse et ses entreprises de toute sorte. Pour ?a il est tr?s fort, et il gagne des millions au moyen de sociеtеs qui n'ont pas quatre sous de capital…

Il allait toujours, appelant Duroy «mon cher ami».

– Et il a des mots ? la Balzac, ce grigou. Figurez-vous que, l'autre jour, je me trouvais dans son cabinet avec cette antique bedole de Norbert, et ce Don Quichotte de Rival, quand Montelin, notre administrateur, arrive, avec sa serviette en maroquin sous le bras, cette serviette que tout Paris conna?t. Walter leva le nez et demanda: «Quoi de neuf?»

Montelin rеpondit avec na?vetе: «Je viens de payer les seize mille francs que nous devions au marchand de papier.»

Le patron fit un bond, un bond еtonnant.

– Vous dites?

– Que je viens de payer M. Privas.

– Mais vous ?tes fou!

– Pourquoi?

– Pourquoi… pourquoi… pourquoi…

Il ?ta ses lunettes, les essuya. Puis il sourit, d'un dr?le de sourire qui court autour de ses grosses joues chaque fois qu'il va dire quelque chose de malin ou de fort, et avec un ton gouailleur et convaincu, il pronon?a: «Pourquoi? Parce que nous pouvions obtenir l?-dessus une rеduction de quatre ? cinq mille francs.»

Montelin, еtonnе, reprit: «Mais, monsieur le directeur, tous les comptes еtaient rеguliers, vеrifiеs par moi et approuvеs par vous…»

Alors le patron, redevenu sеrieux, dеclara: «On n'est pas na?f comme vous. Sachez, monsieur Montelin, qu'il faut toujours accumuler ses dettes pour transiger.»

Et Saint-Potin ajouta, avec un hochement de t?te de connaisseur:

– Hein? Est-il ? la Balzac, celui-l??

Duroy n'avait pas lu Balzac, mais il rеpondit avec conviction:

– Bigre, oui.

Puis le reporter parla de Mme Walter, une grande dinde, de Norbert de Varenne, un vieux ratе, de Rival, une ressucеe de Fervacques. Puis il en vint ? Forestier:

– Quant ? celui-l?, il a de la chance d'avoir еpousе sa femme, voil? tout.

Duroy demanda:

– Qu'est-ce au juste que sa femme?

Saint-Potin se frotta les mains:

– Oh! une rouеe, une fine mouche. C'est la ma?tresse d'un vieux viveur nommе Vaudrec, le comte de Vaudrec, qui l'a dotеe et mariеe…

Duroy sentit brusquement une sensation de froid, une sorte de crispation nerveuse, un besoin d'injurier et de gifler ce bavard. Mais il l'interrompit simplement pour lui demander:

– C'est votre nom, Saint-Potin?

<< 1 ... 10 11 12 13 14 15 16 17 18 ... 41 >>
На страницу:
14 из 41