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Le Collier de la Reine, Tome I

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2017
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– Parce que, madame la comtesse, dit en souriant Cagliostro, il me convient d'être toujours un homme de quarante ans, sain et complet, plutôt qu'un jeune homme incomplet de vingt ans.

– Oh! oh! fit la comtesse.

– Eh! sans doute, madame, continua Cagliostro, à vingt ans on plaît aux femmes de trente; à quarante ans on gouverne les femmes de vingt et les hommes de soixante.

– Je cède, monsieur, dit la comtesse. D'ailleurs, comment discuter avec une preuve vivante?

– Alors moi, dit piteusement Taverney, je suis condamné; je m'y suis pris trop tard.

– M. de Richelieu a été plus habile que vous, dit naïvement La Pérouse avec sa franchise de marin, et j'ai toujours ouï dire que le maréchal avait certaine recette…

– C'est un bruit que les femmes ont répandu, dit en riant le comte de Haga.

– Est-ce une raison pour n'y pas croire, duc? demanda Mme du Barry.

Le vieux maréchal rougit, lui qui ne rougissait guère.

Et aussitôt:

– Ma recette, voulez-vous savoir, messieurs, en quoi elle a consisté?

– Oui, certes, nous voulons le savoir.

– Eh bien! à me ménager.

– Oh! oh! fit l'assemblée.

– C'est comme cela, fit le maréchal.

– Je contesterais la recette, répondit la comtesse, si je ne venais de voir l'effet de celle de M. de Cagliostro. Aussi, tenez-vous bien, monsieur le sorcier, je ne suis pas au bout de mes questions.

– Faites, madame, faites.

– Vous disiez donc que lorsque vous avez fait pour la première fois usage de votre élixir de vie, vous aviez quarante ans?

– Oui, madame.

– Et que depuis cette époque, c'est-à-dire depuis le siège de Troie…

– Un peu auparavant, madame.

– Soit; vous avez conservé quarante ans?

– Vous le voyez.

– Mais alors vous nous prouvez, monsieur, dit Condorcet, plus que votre théorème ne le comporte…

– Que vous prouvé-je, monsieur le marquis?

– Vous nous prouvez non seulement la perpétuation de la jeunesse, mais la conservation de la vie. Car si vous avez quarante ans depuis la guerre de Troie, c'est que vous n'êtes jamais mort.

– C'est vrai, monsieur le marquis, je ne suis jamais mort, je l'avoue humblement.

– Mais cependant, vous n'êtes pas invulnérable comme Achille, et encore, quand je dis invulnérable comme Achille, Achille n'était pas invulnérable, puisque Pâris le tua d'une flèche dans le talon.

– Non, je ne suis pas invulnérable, et cela à mon grand regret, dit Cagliostro.

– Alors, vous pouvez être tué, mourir de mort violente?

– Hélas! oui.

– Comment avez-vous fait pour échapper aux accidents depuis trois mille cinq cents ans, alors?

– C'est une chance, monsieur le comte; veuillez suivre mon raisonnement.

– Je le suis.

– Nous le suivons.

– Oui! oui! répétèrent tous les convives.

Et avec des signes d'intérêt non équivoques, chacun s'accouda sur la table et se mit à écouter.

La voix de Cagliostro rompit le silence.

– Quelle est la première condition de la vie? dit-il en développant par un geste élégant et facile, deux belles mains blanches chargées de bagues, parmi lesquelles celle de la reine Cléopâtre brillait comme l'étoile polaire. La santé, n'est-ce pas?

– Oui, certes, répondirent toutes les voix.

– Et la condition de la santé, c'est…

– Le régime, dit le comte de Haga.

– Vous avez raison, monsieur le comte, c'est le régime qui fait la santé. Eh bien! pourquoi ces gouttes de mon élixir ne constitueraient-elles pas le meilleur régime possible?

– Qui le sait?

– Vous, comte.

– Oui, sans doute, mais…

– Mais pas d'autres, fit Mme du Barry.

– Cela, madame, c'est une question que nous traiterons tout à l'heure. Donc, j'ai toujours suivi le régime de mes gouttes, et comme elles sont la réalisation du rêve éternel des hommes de tout temps, comme elles sont ce que les Anciens cherchaient sous le nom d'eau de jeunesse, ce que les Modernes ont cherché sous le nom d'élixir de vie, j'ai constamment conservé ma jeunesse; par conséquent, ma santé; par conséquent, ma vie. C'est clair.

– Mais cependant tout s'use, comte, le plus beau corps comme les autres.

– Celui de Pâris comme celui de Vulcain, dit la comtesse. Vous avez sans doute connu Pâris, monsieur de Cagliostro?

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