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Франция с 1789 года до наших дней. Сборник документов (составитель Паскаль Коши). La France contemporaine, de 1789 a nos jours. Recueil de documents (par Pascal Cauchy)

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– Il va nous falloir des victoires et conqu?tes, des sabres, des panaches, des gеnеraux. Nous sommes partis pour la gloire. Je sens cela en moi; mon cCur bat au rеcit des exploits de nos vaillantes armеes. Et quand j’еprouve un sentiment, il est rare que tout le monde ne l’еprouve pas en m?me temps. Ce qu’il nous faut, ce sont des guerriers et des femmes, Mars et Vеnus.

– Citoyen Blaise, j’ai encore chez moi deux ou trois dessins de Gamelin, que vous m’avez donnеs ? graver. Est-ce pressе ?

– Nullement.

– ? propos de Gamelin: hier, en passant sur le boulevard du Temple, j’ai vu chez un brocanteur, qui a son еchoppe vis-?-vis la maison de Beaumarchais, toutes les toiles de ce malheureux. Il y avait l? son Oreste et Еlectre. La t?te de l’Oreste, qui ressemble ? Gamelin, est vraiment belle, je vous assure… la t?te et le bras sont superbes… Le brocanteur m’a dit qu’il n’еtait pas embarrassе de vendre ces toiles ? des artistes qui peindront dessus… Ce pauvre Gamelin ! il aurait eu peut-?tre un talent de premier ordre, s’il n’avait pas fait de politique.

– Il avait l’?me d’un criminel ! rеpliqua le citoyen Blaise. Je l’ai dеmasquе, ? cette place m?me, alors que ses instincts sanguinaires еtaient encore contenus. Il ne me l’a jamais pardonnе… Ah ! c’еtait une belle canaille.

– Le pauvre gar?on ! Il еtait sinc?re. Ce sont les fanatiques qui l’ont perdu.

– Vous ne le dеfendez pas, je pense, Desmahis !… Il n’est pas dеfendable.

– Non, citoyen Blaise, il n’est pas dеfendable.

Et le citoyen Blaise, tapant sur l’еpaule du beau Desmahis:

– Les temps sont changеs. On peut vous appeler « Barbaroux », maintenant que la Convention rappelle les proscrits… J’y songe: Desmahis, gravez-moi donc un portrait de Charlotte Corday.

Une femme grande et belle, brune, enveloppеe de fourrures, entra dans le magasin et fit au citoyen Blaise un petit salut intime et discret. C’еtait Julie Gamelin; mais elle ne portait plus ce nom dеshonorе: elle se faisait appeler « la citoyenne veuve Chassagne » et еtait habillеe, sous son manteau, d’une tunique rouge, en l’honneur des chemises rouges de la Terreur. »

Комментарии

Anatole France – Анатоль Франс (1844–1924), настоящее имя Франсуа Анатоль Тибо (Fran?ois-Anatole Thibault). Известный французский писатель и литературный критик III Республики. Занимал активную гражданскую позицию, считался нравственным и литературным авторитетом своего времени. Член Французской академии (1896). В 1921 г. получил Нобелевскую премию по литературе «за блестящие литературные достижения, отмеченные изысканностью стиля, глубоко выстраданным гуманизмом и истинно галльским темпераментом».

«Les Dieux ont soif» – «Боги жаждут» (1912), роман Анатоля Франса, действие которого происходит во время Французской революции (1789–1794). А. Франс точно воссоздает политическую обстановку и повседневную жизнь эпохи, основываясь на многочисленнных документах того времени, которые он хорошо изучил. Названием романа стала последняя фраза последнего номера газеты однокашника Робеспьера Камиля Демулена, где она выдаётся за слова, сказанные испанскими священниками Монтесуме.

Convention f – Конвент, высший законодательный и исполнительный орган Франции (21 сентября 1792 – 26 октября 1795) Первой Республики во время Французской революции. В выборах членов Конвента, сменившего Законодательное собрание, участвовали все мужчины (исключая домашнюю прислугу), достигшие 21 года.

Comitе m de salut public – Комитет общественного спасения, один из многочисленных комитетов Конвента. Создан 6 апреля 1793 г. с целью противостоять опасности, угрожающей Республике. Имел огромные прерогативы, сосредоточил в своих руках значительную часть верховной власти.

Jacobins m pl – якобинцы, члены общества Друзей Конституции (Sociеtе f des Amis de la Constitution), или Якобинского клуба (Club des jacobins), названного так, поскольку его члены собирались в Париже в библиотеке монастыря святого Якова на улице Сент-Оноре. Изначально находился в Версале. В него входили многие известные депутаты, влиятельные политики, члены правительственных учреждений. Клуб имел широкую сеть филиалов в провинции.

Niv?se m – нивоз, с 21/23 декабря по 19/21 января. Четвертый месяц французского республиканского календаря, введенного во время Французской революции декретом Конвента (5 октября 1793 г.), применялся с 6 октября 1793 г. (15 вандемьера II года Республики). Первый год революции был объявлен началом новой эры. Отсчет лет начинался с 22 сентября 1792 г., первого дня Первой республики во Франции. Календарь действовал до 1 января 1806 г., когда был упразднен Наполеоном. Название месяца нивоз должно было напоминать о «снеге, который убеляет землю с декабря по январь».

Beaumarchais – Пьер-Огюстен Карон де Бомарше (1732–1799), французский драматург и публицист, автор таких известных комедий, как «Женитьба Фигаро» и «Севильский цирюльник», благодаря которым был одним из самых популярных драматургов Франции того времени

Barbaroux – Шарль Жан Мари Барбару (1767–1794), депутат Конвента от департамента Буш-дю-Рон, один из лидеров жирондистов. Казнён в Бордо.

Charlotte Corday – Мари Анна Шарлотта Корде (1768–1793), убийца Ж.-П. Марата. Казнена по приговору Революционного трибунала.

Chemises f rouges de la Terreur – по уголовному кодексу 1791 г. в красных рубахах препровождали на казнь убийц, поджигателей и отравителей. В июне 1794 г. по т.н. «делу красных рубах» было казнено 54 человека, якобы готовивших покушение на Робеспьера и Колло д’Эрбуа.

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Le coup d’Etat du 18 Brumaire

Apr?s quatre annеes de Directoire, la crise еconomique s’est considеrablement aggravеe, crise ? laquelle s’ajoutent un dеsordre intеrieur considеrable et une forte impopularitе du pouvoir. Le gеnеral Bonaparte qui a donnе des gages ? l’intеrieur en rеprimant une insurrection royaliste, comme aux armеes en Italie et en Egypte, est choisi pour mener un coup d’Etat. L’objectif est de renforcer le pouvoir exеcutif et de ramener l’ordre. L’historien Jacques Bainville, dans sa biographie de Napolеon, rappelle cet еpisode crucial de la Rеvolution.

Jacques Bainville, Napolеon, 1931

« Au fond, il a bien jugе de l’еtat de la France. Ce qui est ? prendre, c’est le « tiers parti », celui qui avait dеj? soutenu Henri IV apr?s la Ligue et Louis XIV apr?s la Fronde, cette masse, – le cardinal de Retz l’a bien dit – qui, nulle au commencement et au milieu des grandes crises, p?se le plus ? la fin. Ce qui rapproche le plus du « tiers parti », ce sont les modеrеs, d’ailleurs impuissants par eux-m?mes, c’est pourquoi Siey?s, leur chef, a besoin d’une еpеe. Mais le gеnеral ne veut pas plus avoir l’air de s’offrir ? Siey?s que Siey?s ne veut avoir l’air de prier le gеnеral. De part et d’autre, ce n’est pas amour-propre, coquetterie, mais politique et prеcaution. Chacun refuse de faire le premier pas pour rester libre vis-?-vis de l’autre. A ce jeu, on se pique. Siey?s se plaint du jeune insolent qui devrait ?tre fusillе pour avoir abandonnе son armеe aux bords du Nil. Bonaparte riposte que Siey?s a trahi la France dans les nеgociations de Berlin.

Cependant on perd du temps, un temps prеcieux o? les heures comptent. Le Conseil des Cinq-Cents, qui devine le danger, se dispose ? rapporter quelques-unes de ses lois les plus odieuses. Une apparence de dеtente et d’apaisement suffirait ? contenter le public, amollirait les esprits. Il faut agir vite, battre le fer quand il est chaud, et, sans plus de retard, mettre en contact direct celui qui a con?u et prеparе le coup d’Etat et celui qui est capable de l’exеcuter, associеs naturels dont chacun apporte un des еlеments nеcessaires au succ?s de l’opеration.

A peine, jusque-l?, s’еtaient-ils entrevus dans ces cеrеmonies officielles. Talleyrand fut, selon l’expression d’Albert Vandal, « l’entremetteur ». Ce n’est que le 2 brumaire (24 octobre) que, sur ses instances, Bonaparte se rеsolut ? faire ? Siey?s la visite qu’il avait lui-m?me attendue en vain rue Chantereine. Talleyrand, et pr?s de lui Fouchе; type d’hommes aussi indispensables au complot dans la seconde ligne de l’action que Bonaparte et Siey?s le sont dans la premi?re. Car on a beau dire – apr?s coup – que tout cela devait se faire, il y fallait beaucoup de concours. Encore le 18 brumaire faillit-il ne pas rеussir. On s’est еtonnе que, plus tard, Napolеon ait gardе pr?s de lui l’ancien oratorien et l’ancien еv?que. On les a appelеs ses mauvais gеnies. Il aurait fallu d’abord qu’au moment dеcisif et le plus difficile, il e?t pu se passer d’eux et de bien d’autres. Mais rien n’e?t еtе possible sans Siey?s, Fouchе et Talleyrand, – « ce brelan de pr?tres,» – qui lui apportaient, avec leur habiletе et leur intelligence, la caution d’hommes aussi intеressеs les uns que les autres ? emp?cher une contre-rеvolution. Voil? un coup d’Etat qui se prеsente dans les conditions les plus favorables. Il est organisе de l’intеrieur par Siey?s et Ducos, deux des chefs du pouvoir qu’il s’agit de renverser. Des deux assemblеes, l’une, le Conseil des Anciens, est complice, l’autre, le Conseil des Cinq-Cents, est manipulеe par Lucien Bonaparte qui, tout jeune dеputе qu’il est, s’est remuе pour ?tre еlu prеsident. Enfin l’opinion publique est sympathique. M?me au faubourg Saint-Antoine, il n’y a pas de soul?vement ? craindre. Et pourtant il s’en faudra de rien que ce coup d’Etat ne soit un еchec.

Ce sera un peu la faute de Bonaparte. La partie gagnеe, c’est pourtant lui qui aura le mieux calculе. Il s’est obstinе jusqu’au bout ? donner ? l’opеration un caract?re civil et aussi peu militaire que possible, ? ne pas employer la violence, ? recourir ? la force tout juste quand il n’a pu faire autrement. Il a refusе, la veille de Saint-Cloud, d’еcouter Siey?s et Fouchе, qui еtaient d’avis, pour mettre toutes les chances de son c?tе, de procеder ? des arrestations prеventives parmi les dеputеs connus d’avance comme des adversaires ardents. A ce refus, peut-?tre imprudent, il gagnera de rendre son rеgime accessible aux plus purs rеvolutionnaires et de ne pas s’entendre reprocher un crime du 18 brumaire, comme son neveu le crime du 2 dеcembre. Il a jouе la difficultе mais, au fond, il a eu raison parce qu’au-del? de la « journеe », qui s’ajoute ? la longue sеrie des « journеes » rеvolutionnaires, il a obtenu un des rеsultats auxquels il pensait. Il ne sera pas dans la dеpendance des casernes comme s’il avait d? son еlеvation qu’? l’armеe.

(…) La Constitution de l’an VIII fut promulguеe le 14 dеcembre 1799, un peu plus d’un mois apr?s la journеe de Saint-Cloud. Les trois Consuls entr?rent en fonctions le 25 dеcembre. Les cinquante commissaires les install?rent et, avec eux, c’еtait la Convention, continuеe par les Assemblеes du Directoire, qui transmettait officiellement et solennellement le pouvoir au gеnеral Bonaparte et ? ses deux coll?gues. Il y avait transition, non rupture. Et la proclamation qui fut lancеe aux Fran?ais pour annoncer que les Consuls dеfinitifs succеdaient aux Consuls provisoires еtait sinc?re lorsqu’elle disait: «Citoyens, la Rеvolution est fixеe aux principes qui l’ont commencеe. » En ajoutant: « Elle est finie », on s’abandonnait seulement ? une illusion gеnеrale et qui n’еtait m?me pas neuve. Combien de fois n’avait-on pas dit qu’elle avait atteint son terme? Louis XVI lui-m?me l’avait cru quand le prеsident de la Constituante le lui avait dit. »

Комментарии

brumaire – брюмер, месяц туманов. Второй месяц республиканского календаря (22 октября – 20 ноября), введенного во Франции во время Французской революции декретом Национального конвента (5 октября 1793 г.), применялся с 6 октября 1793 г. (15 вандемьера II года Республики). Отсчет лет начинался с 22 сентября 1792 г., первого дня Первой республики во Франции. Календарь действовал до 1 января 1806 г., когда был упразднен Наполеоном.

Ligue f – Католическая лига, объединение католиков против протестантов в годы Религиозных войн. Просуществовала примерно до 1595 г.

Fronde f – период антиправительственных мятежей во Франции в 1648– 1653 гг. во времена малолетства Людовика XIV, когда недовольство политикой Анны Австрийской и Мазарини объединило различные политические силы – от парламентской оппозиции до принцев.

Cardinal m de Retz – Жан-Франсуа Поль де Гонди, кардинал де Рец (1613– 1679), активный деятель Фронды, противник Мазарини. Автор знаменитых «Мемуаров», переведённых на русский язык.

Siey?s, Emmanuel-Joseph – Эммануэль-Жозеф Сийес (1748–1836), аббат, деятель Французской революции XVIII в. Прославился своей брошюрой «Что такое третье сословие?» (1788), избирался депутатом Генеральных штатов, Национального конвента, выполнял ряд дипломатических поручений. Член Директории (1799), сыграл важную роль в организации переворота 18 брюмера. Впоследствии сенатор, граф Империи, после Реставрации эмигрировал. Вернулся во Францию только при Июльской монархии.

Talleyrand – Шарль-Морис де Талейран-Перигор (1754–1838), епископ Отена, государственный деятель и дипломат, депутат Генеральных штатов, после падения монархии в эмиграции. При Директории дипломат, министр внешних сношений Франции, один из организаторов переворота 18 брюмера. После переворота до 1807 г. занимал пост министра внешних сношений. После Реставрации недолгое время глава правительства и министр иностранных дел, принимал участие в Венском конгрессе. По мнению одних, он был человеком чрезвычайно умным, ловким дипломатом, искусным мастером политической интриги, другие считали его человеком циничным, полным пороков. Его прозвали «Хромой дьявол» («diable boiteux»).

Albert Vandal – Альбер Вандаль (1853–1910), французский историк. На русский язык переведена его работа «Возвышение Бонапарта». rue Chantereine – с 1798 г.

rue Victoire, в 9 округе Парижа. Здесь находился особняк Богарне, в котором Бонапарт вёл подготовку 18 брюмера.

Joseph Fouchе – Жозеф Фуше (1759–1820), герцог Отрантский, деятель Французской революции XVIII в., депутат Национального конвента. При Директории, Консульстве и Реставрации министр полиции, министр внутренних дел (1809). По закону 1816 г. выслан из страны как голосовавший за казнь Людовика XVI.

Pierre-Roger Ducos – Пьер-Роже Дюко (1747–1816), политический деятель, депутат Национального конвента и Совета старейшин, член Директории (1799), один из участников переворота 18 брюмера. Временный консул (1799), затем член Сената, граф Империи. С 1816 г. в эмиграции как голосовавший за казнь Людовика XVI.

Lucien Bonaparte – Люсьен Бонапарт (1775–1840), младший брат Наполеона Бонапарта, депутат Совета пятисот, один из участников переворота 18 брюмера. Министр внутренних дел (1799–1800), посол в Испании, член Трибуната (одного из законодательных органов при Консульстве и империи). faubourg m Saint-Antoine – предместье Сент-Антуан, рабочее восточное предместье Парижа.

Saint-Cloud – Сен-Клу, предместье Парижа, куда накануне переворота 18 брюмера был переведён под предлогом якобинской угрозы Законодательный корпус.

comme son neveu le crime du 2 dеcembre – 2 декабря 1851 г. племянник Наполеона Бонапарта Луи-Наполеон совершил государственный переворот.

Louis XVI – Король Франции Людовик XVI Бурбон (1774–1792).

Constituante f – Учредительное собрание (изначально Генеральные штаты), высшая законодательная власть во Франции в 1789–1791 гг.

II

L’histoire politique de la France au xixe sci?cle: de Napolеon Ier ? la chute du Second Empire

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