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Plus fort que Sherlock Holmès

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Le jeune Stillmann attendit que le calme se fût rétabli, puis il reprit :

– Je prierai Tom Jeffries de se tenir à cette porte et l'agent Harris de rester à l'autre en face, ils ne laisseront sortir personne.

Aussitôt dit, aussitôt fait.

– Le criminel est parmi nous, j'en suis persuadé. Je vous le prouverai avant longtemps, si, comme je le crois, mes conjectures sont exactes. Maintenant, laissez-moi vous retracer le drame du commencement jusqu'à la fin :

Le mobile n'était pas le vol, mais la vengeance, le meurtrier n'était pas un esprit léger. Il ne se tenait pas éloigné de six cent vingt-deux pieds. Il n'a pas été atteint par un éclat de bois. Il n'a pas posé l'explosif contre la case. Il n'a pas apporté un sac avec lui. J'affirme même qu'il n'est pas gaucher. A part cela, le rapport de notre hôte distingué sur cette affaire est parfaitement exact.

Un rire de satisfaction courut dans l'assemblée; chacun se faisait signe de la tête et semblait dire à son voisin: « Voilà le fin mot de l'histoire: Archy Stillmann est un brave garçon, un bon camarade! Il n'a pas baissé pavillon devant Sherlock Holmès. » La sérénité de ce dernier ne paraissait nullement troublée. Stillmann continua :

– Moi aussi, j'ai des témoins oculaires et je vous dirai tout à l'heure où vous pouvez en trouver d'autres.

Il exhiba un morceau de gros fil de fer. La foule tendit le cou pour voir.

– Il est recouvert d'une couche de suif fondu. Et voici une bougie qui est brûlée jusqu'à moitié. L'autre moitié porte des traces d'incision sur une longueur de trois centimètres. Dans un instant, je vous dirai où j'ai trouvé ces objets. Pour le moment, je laisserai de côté les raisonnements, les arguments, les conjectures plus ou moins enchevêtrées, en un mot toute la mise en scène qui constitue le bagage du « détective », et je vous dirai, dans des termes très simples et sans détours, comment ce lamentable événement est arrivé.

Il s'arrêta un moment pour juger de l'effet produit et pour permettre à l'assistance de concentrer sur lui toute son attention.

– L'assassin, reprit-il, a eu beaucoup de peine à arrêter son plan, qui était d'ailleurs bien compris et très ingénieux; il dénote une intelligence véritable et pas du tout un esprit faible. C'est un plan parfaitement combiné pour écarter tout soupçon de son auteur. Il a commencé par marquer des points de repère sur une bougie de trois en trois centimètres, il l'a allumée en notant le temps qu'elle mettait à brûler. Il trouva ainsi qu'il fallait trois heures pour en brûler douze centimètres. Je l'ai moi-même expérimenté là-haut pendant une demi-heure, il y a un moment de cela, pendant que M. Holmès procédait à l'enquête sur le caractère et les habitudes de Flint Buckner. J'ai donc pu relever le temps qu'il faut à une bougie pour se consumer lorsqu'elle est protégée du vent. Après son expérience, l'assassin a éteint la bougie, je crois vous l'avoir déjà dit, et il en a préparé une autre.

Il fixa cette dernière dans un bougeoir de fer-blanc. Puis, à la division correspondante à la cinquième heure, il perça un trou avec un fil de fer rougi. Je vous ai déjà montré ce fil de fer recouvert d'une mince couche de suif; ce suif provient de la fusion de la bougie.

Avec peine, grande peine même, il grimpa à travers les ajoncs qui couvrent le talus escarpé situé derrière la maison de Flint Buckner; il traînait derrière lui un baril vide qui avait contenu de la farine. Il le cacha à cet endroit parfaitement sûr et plaça le bougeoir à l'intérieur. Puis il mesura environ trente-cinq pieds de mèche, représentant la distance du baril à la case. Il pratiqua un trou sur le côté du baril, et voici même la grosse vrille dont il s'est servi pour cela. Il termina sa préparation macabre, et quand tout fut achevé, un bout de la mèche aboutissait à la case de Buckner, l'autre extrémité, qui portait une cavité destinée à recevoir de la poudre, était placée dans le trou de la bougie; la position de ce trou était calculée de manière à faire sauter la hutte à une heure du matin, en admettant que cette bougie ait été allumée vers huit heures hier soir et qu'un explosif relié à cette extrémité de la mèche ait été déposé dans la case. Bien que je ne puisse le prouver, je parie que ce dispositif a été adopté à la lettre.

Camarades, le baril est là dans les ajoncs, le reste de la bougie a été retrouvé dans le bougeoir de fer-blanc; la mèche brûlée, nous l'avons reconnue dans le trou percé à la vrille; l'autre bout est à l'extrémité de la côte, à l'emplacement de la case détruite. J'ai retrouvé tous ces objets, il y a une heure à peine pendant que maître Sherlock Holmès se livrait à des calculs plus ou moins fantaisistes et collectionnait des reliques qui n'avaient rien à voir avec l'affaire.

Il s'arrêta. L'auditoire en profita pour reprendre haleine, et détendre ses nerfs fatigués par une attention soutenue.

– Du diable, dit Ham Sandwich, en éclatant de rire, voilà pourquoi il s'est promené seul de son côté dans les ajoncs, au lieu de relever des points et des températures avec le professeur. Voyez-vous, camarades, Archy n'est pas un imbécile.

– Ah! non, certes…

Mais Stillmann continua :

– Pendant que nous étions là-bas, il y a une heure ou deux, le propriétaire de la vrille et de la bougie d'essai les enleva de l'endroit où il les avait d'abord placées, la première cachette n'étant pas bonne; il les déposa à un autre endroit qui lui paraissait meilleur, à deux cents mètres dans le bois de pins, et les cacha en les recouvrant d'aiguilles. C'est là que je les ai trouvées. La vrille est juste de la mesure du trou du baril. Quant à la…

Holmès l'interrompit, disant avec une certaine ironie :

– Nous venons d'entendre un très joli conte de fées, messieurs, certes très joli, seulement je voudrais poser une ou deux questions à ce jeune homme.

L'assistance parut impressionnée.

Ferguson marmotta :

– J'ai peur qu'Archy ne trouve son maître cette fois.

Les autres ne riaient plus, et paraissaient anxieux. Holmès prit donc la parole à son tour :

– Pénétrons dans ce conte de fées d'un pas sûr et méthodique, par progression géométrique, si je puis m'exprimer ainsi; enchaînons les détails et montons à l'assaut de cette citadelle d'erreur (pauvre joujou de clinquant) en soutenant une allure ferme, vive et résolue. Nous ne rencontrons devant nous que l'élucubration fantasque d'une imagination à peine éclose. Pour commencer, jeune homme, je désire ne vous poser que trois questions.

Si j'ai bien compris, d'après vous, cette bougie aurait été allumée hier soir vers huit heures ?

– Oui, monsieur, vers huit heures !

– Pouvez-vous dire huit heures précises ?

– Ça non! je ne saurais être aussi affirmatif.

– Hum! Donc, si une personne avait passé par là juste à huit heures, elle aurait infailliblement rencontré l'assassin. C'est votre avis ?

– Oui, je le suppose.

– Merci, c'est tout. Pour le moment cela me suffit; oui, c'est tout ce que je vous demande pour le quart d'heure.

– Diantre! il tape ferme sur Archy, remarqua Ferguson.

– C'est vrai, dit Ham Sandwich. Cette discussion ne me promet rien qui vaille.

Stillmann reprit, en regardant Holmès :

– J'étais moi-même par là à huit heures et demie, ou plutôt vers neuf heures.

– Vraiment? Ceci est intéressant, très intéressant. Peut-être avez-vous rencontré vous-même l'assassin ?

– Non, je n'ai rencontré personne.

– Ah! alors, pardonnez-moi cette remarque, je ne vois pas bien la valeur de votre renseignement.

– Il n'en a aucune à présent. Je dis, notez-le bien, pour le moment.

Stillmann continua :

– Je n'ai pas rencontré l'assassin, mais je suis sur ses traces, j'en réponds; je le crois même dans cette pièce. Je vous prierai tous de passer individuellement devant moi, ici, à la lumière pour que je puisse voir vos pieds.

Un murmure d'agitation parcourut la salle et le défilé commença.

Sherlock regardait avec la volonté bien arrêtée de conserver son sérieux. Stillmann se baissa, couvrit son front avec sa main et examina attentivement chaque paire de pieds qui passaient. Cinquante hommes défilèrent lentement sans résultat. Soixante, soixante-dix. La cérémonie commençait à devenir ridicule et Holmès remarqua avec une douce ironie :

– Les assassins se font rares, ce soir.

La salle comprit le piquant et éclata d'un bon rire franc. Dix ou douze autres candidats passèrent ou plutôt défilèrent en dansant des entrechats comiques qui excitèrent l'hilarité des spectateurs.

Soudain, Stillmann allongea le bras et cria :

– Voici l'assassin !

– Fetlock Jones! par le grand Sanhédrin! hurla la foule en accompagnant cette explosion d'étonnement de remarques et de cris confus qui dénotaient bien l'état d'âme de l'auditoire.
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