Оценить:
 Рейтинг: 0

Plus fort que Sherlock Holmès

Год написания книги
2017
<< 1 ... 6 7 8 9 10 11 12 13 14 ... 19 >>
На страницу:
10 из 19
Настройки чтения
Размер шрифта
Высота строк
Поля

Au plus fort du tumulte, Holmès étendit le bras pour imposer silence. L'autorité de son grand nom et le prestige de sa personnalité électrisèrent les assistants qui obéirent immédiatement. Et au milieu du silence complet qui suivit, maître Sherlock prit la parole, disant avec componction :

– Ceci est trop grave! Il y va de la vie d'un innocent, d'un homme dont la conduite défie tout soupçon. Écoutez-moi, je vais vous en donner la preuve palpable et réduire au silence cette accusation aussi mensongère que coupable. Mes amis, ce garçon ne m'a pas quitté d'une semelle pendant toute la soirée d'hier.

Ces paroles firent une profonde impression sur l'auditoire; tous tournèrent les yeux vers Stillmann avec des regards inquisiteurs.

Lui, l'air rayonnant, se contenta de répondre :

– Je savais bien qu'il y avait un autre assassin !! !

Et ce disant, il s'approcha vivement de la table et examina les pieds d'Holmès; puis, le regardant bien dans les yeux, il lui dit :

– Vous étiez avec lui! Vous vous teniez à peine à cinquante pas de lui lorsqu'il alluma la bougie qui mit le feu à la mèche (sensation). Et, qui plus est, c'est vous-même qui avez fourni les allumettes !

Cette révélation stupéfia Holmès; le public put s'en apercevoir, car lorsqu'il ouvrit la bouche pour parler, ces mots entrecoupés purent à peine sortir :

– Ceci… ha !.. Mais c'est de la folie… C'est…

Stillmann sentit qu'il gagnait du terrain et prit confiance. Il montra une allumette carbonisée.

– En voici une, je l'ai trouvée dans le baril, tenez, en voici une autre !

Holmès retrouva immédiatement l'usage de la parole.

– Oui! Vous les avez mises là vous-même !

La riposte était bien trouvée, chacun le reconnut, mais Stillmann reprit :

– Ce sont des allumettes de cire, un article inconnu dans ce camp. Je suis prêt à me laisser fouiller pour qu'on cherche à découvrir la boîte sur moi. Êtes-vous prêt, vous aussi ?

L'hôte restait stupéfait. C'était visible aux yeux de tous. Il remua les doigts; une ou deux fois, ses lèvres s'entr'ouvrirent, mais les paroles ne venaient pas. L'assemblée n'en pouvait plus et voulait à tout prix voir le dénouement de cette situation. Stillmann demanda simplement :

– Nous attendons votre décision, monsieur Holmès.

Après un silence de quelques instants, l'hôte répondit à voix basse :

– Je défends qu'on me fouille.

Il n'y eut aucune démonstration bruyante, mais dans la salle chacun dit à son voisin :

– Cette fois, la question est tranchée! Holmès n'en mène plus large devant Archy.

Que faire, maintenant? Personne ne semblait le savoir. La situation devenait embarrassante, car les événements avaient pris une tournure si inattendue et si subite que les esprits s'étaient laissé surprendre et battaient la breloque comme une pendule qui a reçu un choc. Mais, peu à peu, le mécanisme se rétablit et les conversations reprirent leurs cours; formant des groupes de deux à trois, les hommes se réunirent et essayèrent d'émettre leur avis sous forme de propositions. La majorité était d'avis d'adresser à l'assassin un vote de remerciements pour avoir débarrassé la communauté de Flint Buckner: cette action méritait bien qu'on le laissât en liberté. Mais les gens plus réfléchis protestèrent, alléguant que les cervelles mal équilibrées des États de l'Est crieraient au scandale et feraient un tapage épouvantable si on acquittait l'assassin.

Cette dernière considération l'emporta donc et obtint l'approbation générale.

Il fut décidé que Fetlock Jones serait arrêté et passerait en jugement.

La question semblait donc tranchée et les discussions n'avaient plus leur raison d'être maintenant. Au fond, les gens en étaient enchantés, car tous dans leur for intérieur avaient envie de sortir et de se transporter sur les lieux du drame pour voir si le baril et les autres objets y étaient réellement. Mais un incident imprévu prolongea la séance et amena de nouvelles surprises.

Fetlock Jones, qui avait pleuré silencieusement, passant presque inaperçu au milieu de l'excitation générale et des scènes émouvantes qui se succédaient depuis un moment, sortit de sa torpeur lorsqu'il entendit parler de son arrestation et de sa mise en jugement; son désespoir éclata et il s'écria :

– Non! ce n'est pas la peine! Je n'ai pas besoin de prison ni de jugement. Mon châtiment est assez dur à l'heure qu'il est; n'ajoutez rien à mon malheur, à mes souffrances. Pendez-moi et que ce soit fini! Mon crime devait être découvert, c'était fatal; rien ne peut me sauver maintenant. Il vous a tout raconté, absolument comme s'il avait été avec moi, et m'avait vu. Comment le sait-il? c'est pour moi un prodige, mais vous trouverez le baril et les autres objets. Le sort en est jeté: je n'ai plus une chance de salut! Je l'ai tué; et vous en auriez fait autant à ma place, si, comme moi, vous aviez été traité comme un chien; n'oubliez pas que j'étais un pauvre garçon faible, sans défense, sans un ami pour me secourir.

– Et il l'a bigrement mérité, s'écria Ham Sandwich.

Des voix. – Écoutez camarades !

L'agent de police. – De l'ordre, de l'ordre, Messieurs.

Une voix. – Votre oncle savait-il ce que vous faisiez ?

– Non, il n'en savait rien.

– Êtes-vous certain qu'il vous ait donné les allumettes ?

– Oui, mais il ne savait pas l'usage que j'en voulais faire.

– Lorsque vous étiez occupé à préparer votre coup, comment avez-vous pu oser l'emmener avec vous, lui, un détective? C'est inexplicable !

Le jeune homme hésita, tripota les boutons de sa veste d'un air embarrassé et répondit timidement :

– Je connais les détectives, car j'en ai dans ma famille, et je sais que le moyen le plus sûr de leur cacher un mauvais coup, c'est de les avoir avec soi au moment psychologique.

L'explosion de rires qui accueillit ce naïf aveu ne fit qu'augmenter l'embarras du pauvre petit accusé.

IV

Fetlock Jones a été mis sous les verrous dans une cabane inoccupée pour attendre son jugement. L'agent Harris lui a donné sa ration pour deux jours, en lui recommandant de ne pas faire fi de cette nourriture; il lui a promis de revenir bientôt pour renouveler ses provisions.

Le lendemain matin, nous partîmes quelques-uns avec notre ami Hillyer, pour l'aider à enterrer son parent défunt et peu regretté, Flint Buckner; je remplissais les fonctions de premier assistant et tenais les cordons du poêle; Hillyer conduisait le cortège. Au moment où nous finissions notre triste besogne, un étranger loqueteux, à l'air nonchalant, passa devant nous; il portait un vieux sac à main, marchait la tête basse et boitait. Au même instant, je sentis nettement l'odeur à la recherche de laquelle j'avais parcouru la moitié du globe. Pour mon espoir défaillant, c'était un parfum paradisiaque.

En une seconde, je fus près de lui, et posai ma main doucement sur son épaule. Il s'affala par terre comme si la foudre venait de le frapper sur son chemin. Quand mes compagnons arrivèrent en courant, il fit de grands efforts pour se mettre à genoux, leva vers moi ses mains suppliantes, et de ses lèvres tremblotantes me demanda de ne plus le persécuter.

– Vous m'avez pourchassé dans tout l'univers, Sherlock Holmès, et cependant Dieu m'est témoin que je n'ai jamais fait de mal à personne !

En regardant ses yeux hagards, il était facile de voir qu'il était fou. Voilà mon œuvre, ma mère! La nouvelle de votre mort pourra seule un jour renouveler la tristesse que j'éprouvai à ce moment; ce sera ma seconde émotion.

Les jeunes gens relevèrent le vieillard, l'entourèrent de soins et furent pleins de prévenance pour lui; ils lui prodiguèrent les mots les plus touchants et cherchèrent à le consoler en lui disant de ne plus avoir peur, qu'il était maintenant au milieu d'amis, qu'ils le soigneraient, le protégeraient et pendraient le premier qui porterait la main sur lui. Ils sont comme les autres hommes, ces rudes mineurs, quand on ranime la chaleur de leur cœur; on pourrait les croire des enfants insouciants et irréfléchis jusqu'au moment où quelqu'un fait vibrer les fibres de leur cœur. Ils essayèrent de tous les moyens pour le réconforter, mais tout échoua jusqu'au moment où l'habile stratégiste qu'est Well-Fargo prit la parole et dit :

– Si c'est uniquement Sherlock Holmès qui vous inquiète, inutile de vous mettre martel en tête plus longtemps.

– Pourquoi? demanda vivement le malheureux fou.

– Parce qu'il est mort !

– Mort! mort! Oh! ne plaisantez pas avec un pauvre naufragé comme moi! Est-il mort? Sur votre honneur, jeunes gens, me dit-il la vérité ?

– Aussi vrai que vous êtes là! dit Ham Sandwich, et ils soutinrent l'affirmation de leur camarade, comme un seul homme.
<< 1 ... 6 7 8 9 10 11 12 13 14 ... 19 >>
На страницу:
10 из 19