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Le Collier de la Reine, Tome I

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2017
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– Sur l'ensemble de ces pierres, dit Beausire, à qui don Manoël venait de parler en portugais, M. l'ambassadeur ne voit rien à dire; l'ensemble est satisfaisant.

«Quant aux diamants en eux-mêmes, ce n'est pas la même chose; Son Excellence en a compté dix un peu piqués, un peu tachés.

– Oh! fit Bœhmer.

– Son Excellence, interrompit Beausire, se connaît mieux que vous en diamants; les nobles portugais jouent avec les diamants, au Brésil, comme ici les enfants avec du verre.

Don Manoël, en effet, posa le doigt sur plusieurs diamants l'un après l'autre, et fit remarquer avec une admirable perspicacité les défauts imperceptibles que peut-être un connaisseur n'eût pas relevés dans les diamants.

– Tel qu'il est cependant, ce collier, dit Bœhmer un peu surpris de voir un si grand seigneur aussi fin joaillier, tel qu'il est, ce collier est la plus belle réunion de diamants qu'il y ait en ce moment dans toute l'Europe.

– C'est vrai, répliqua don Manoël.

Et sur un signe Beausire ajouta:

– Eh bien! monsieur Bœhmer, voici le fait: Sa Majesté la reine de Portugal a entendu parler du collier; elle a chargé Son Excellence de négocier l'affaire après avoir vu les diamants. Les diamants conviennent à Son Excellence; combien voulez vous vendre ce collier?

– Seize cent mille livres, dit Bœhmer.

Beausire répéta le chiffre à son ambassadeur.

– C'est cent mille livres trop cher, répliqua don Manoël.

– Monseigneur, dit le joaillier, on ne peut évaluer les bénéfices au juste sur un objet de cette importance; il a fallu, pour composer une parure de ce mérite, des recherches et des voyages qui effraieraient si on les connaissait comme moi.

– Cent mille livres trop cher, repartit le tenace Portugais.

– Et pour que monseigneur vous dise cela, dit Beausire, il faut que ce soit chez lui une conviction, car Son Excellence ne marchande jamais.

Bœhmer parut un peu ébranlé. Rien ne rassure les marchands soupçonneux comme un acheteur qui marchande.

– Je ne saurais, dit-il après un moment d'hésitation, souscrire une diminution qui fait la différence du gain ou de la perte entre mon associé et moi.

Don Manoël écouta la traduction de Beausire et se leva.

Beausire ferma l'écrin et le remit à Bœhmer.

– J'en parlerai toujours à M. Bossange, dit ce dernier. Votre Excellence y consent-elle?

– Qu'est-ce à dire? demanda Beausire.

– Je veux dire que M. l'ambassadeur semble avoir offert quinze cent mille livres du collier.

– Oui.

– Son Excellence maintient-elle son prix?

– Son Excellence ne recule jamais devant ce qu'elle a dit, répliqua portugaisement Beausire; mais Son Excellence ne recule pas toujours devant l'ennui de marchander ou d'être marchandé.

– Monsieur le secrétaire, ne concevez-vous pas que je doive causer avec mon associé?

– Oh! parfaitement, monsieur Bœhmer.

– Parfaitement, répondit en portugais don Manoël, à qui la phrase de Bœhmer était parvenue, mais à moi aussi une solution prompte est nécessaire.

– Eh bien! monseigneur, si mon associé accepte la diminution, moi j'accepte d'avance.

– Bien.

– Le prix est donc dès à présent de quinze cent mille livres.

– Soit.

– Il ne reste plus, dit Bœhmer, sauf toutefois la ratification de M. Bossange…

– Toujours, oui.

– Il ne reste plus que le mode du paiement.

– Vous n'aurez pas à cet égard la moindre difficulté, dit Beausire. Comment voulez-vous être payé?

– Mais, dit Bœhmer en riant, si le comptant est possible…

– Qu'appelez-vous le comptant? dit Beausire froidement.

– Oh! je sais bien que nul n'a un million et demi en espèces à donner! s'écria Bœhmer en soupirant.

– Et d'ailleurs, vous en seriez embarrassé vous-même, monsieur Bœhmer.

– Cependant, monsieur le secrétaire, je ne consentirai jamais à me passer d'argent comptant.

– C'est trop juste.

Et il se tourna vers don Manoël.

– Combien Votre Excellence donnerait-elle comptant à M. Bœhmer?

– Cent mille livres, dit le Portugais.

– Cent mille livres, dit Beausire à Bœhmer, en signant le marché.

– Mais le reste? dit Bœhmer.

– Le temps qu'il faut à une traite de monseigneur pour aller de Paris à Lisbonne, à moins que vous ne préfériez attendre l'avertissement envoyé de Lisbonne à Paris.

– Oh! fit Bœhmer, nous avons un correspondant à Lisbonne; en lui écrivant…

– C'est cela, dit Beausire en riant ironiquement, écrivez-lui; demandez-lui si M. de Souza est solvable, et si Sa Majesté la reine est bonne pour quatorze cent mille livres.

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