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Maria (Français)

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2023
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Comment le bras de ce gar?on s'est-il brisе comme ?a ? demandai-je.

–Ils sont si durs, ils sont si durs ! Il n'est bon qu'? s'occuper des chevaux.

On commen?a bient?t ? servir le dеjeuner, tandis que j'еtais avec Do?a Andrea, la m?re d'Emigdio, qui avait presque laissе son fichu sans franges, et pendant un quart d'heure nous rest?mes seuls ? parler.

Emigdio est allе enfiler une veste blanche pour s'asseoir ? table ; mais il nous a d'abord prеsentе une femme noire parеe d'une cape pastouze avec un mouchoir, portant une magnifique serviette brodеe suspendue ? l'un de ses bras.

La salle ? manger nous a servi de salle ? manger, dont l'ameublement еtait rеduit ? de vieux canapеs en peau de vache, quelques retables reprеsentant des saints de Quito, accrochеs en hauteur sur les murs pas tr?s blancs, et deux petites tables dеcorеes de coupes de fruits et de perroquets en pl?tre.

? vrai dire, il n'y avait rien de grandiose au dеjeuner, mais la m?re et les sCurs d'Emigdio savaient comment l'organiser. La soupe de tortillas aromatisеe aux herbes fra?ches du jardin, les bananes plantains frites, la viande r?pеe et les beignets de farine de ma?s, l'excellent chocolat local, le fromage de pierre, le pain au lait et l'eau servie dans de grandes cruches d'argent ne laissaient rien ? dеsirer.

Pendant que nous dеjeunions, j'ai aper?u l'une des filles par une porte entrouverte ; son joli petit visage, еclairе par des yeux noirs comme des chambimbes, laissait supposer que ce qu'elle cachait devait ?tre en parfaite harmonie avec ce qu'elle montrait.

J'ai pris congе de Mme Andrea ? onze heures, car nous avions dеcidе d'aller voir Don Ignacio dans les paddocks o? il faisait du rodеo, et de profiter du voyage pour prendre un bain dans l'Amaime.

Emigdio enl?ve sa veste et la remplace par une ruana filetеe ; il enl?ve ses bottes chaussettes pour mettre des espadrilles usеes ; il attache des collants blancs en peau de ch?vre velue ; il met un grand chapeau Suaza avec une couverture en percale blanche, et monte l'ovin en prenant la prеcaution de lui bander les yeux avec un mouchoir au prеalable. Comme le poulain se mettait en boule et cachait sa queue entre ses jambes, le cavalier lui cria : "Tu viens avec ta ruse !" en lui dеcochant aussit?t deux coups de fouet retentissants avec le lamantin Palmiran qu'il brandissait. Alors, apr?s deux ou trois corcovos, qui n'ont m?me pas fait bouger le monsieur sur sa selle de Chocontan, je suis montе et nous sommes partis.

Alors que nous arrivions sur le lieu du rodеo, distant de la maison de plus d'une demi-lieue, mon compagnon, apr?s avoir profitе du premier plat apparent pour tourner et gratter le cheval, entra dans une conversation ? b?tons rompus avec moi. Il dеballait tout ce qu'il savait sur les prеtentions matrimoniales de Carlos, avec qui il avait renouе des liens d'amitiе depuis qu'ils s'еtaient retrouvеs dans le Cauca.

Qu'en dites-vous ? finit-il par me demander.

J'ai sournoisement esquivе la rеponse et il a continuе :

–A quoi bon le nier ? Charles est un travailleur : une fois qu'il est convaincu qu'il ne peut pas ?tre planteur ? moins de mettre de c?tе ses gants et son parapluie d'abord, il doit bien se dеbrouiller. Il se moque encore de moi quand je fais du lasso, de la cl?ture et du barbecue pour les mules ; mais il doit faire la m?me chose ou dispara?tre. Ne l'avez-vous pas vu ?

–Non.

Crois-tu qu'il n'aille pas se baigner ? la rivi?re quand le soleil est fort, et que si on ne selle pas son cheval, il ne monte pas ? cheval, tout cela parce qu'il ne veut pas bronzer et se salir les mains ? Pour le reste, c'est un gentleman, c'est s?r : il n'y a pas huit jours qu'il m'a sorti d'un mauvais pas en me pr?tant deux cents patacones dont j'avais besoin pour acheter des gеnisses. Il sait qu'il n'y a rien ? perdre, mais c'est ce qui s'appelle servir ? temps. Quant ? son mariage… Je vais vous dire une chose, si vous me proposez de ne pas vous br?ler.

–Dis, mec, dis ce que tu veux.

–Dans votre maison, on semble vivre avec beaucoup de tonus ; et il me semble qu'une de ces petites filles еlevеes parmi les suies, comme celles des contes, a besoin d'?tre traitеe comme une chose bеnie.

Il rit et continue :

–Je dis cela parce que ce Don Jerоnimo, le p?re de Carlos, a plus de coquilles qu'un siete-cueros, et il est aussi dur qu'un piment. Mon p?re ne peut pas le voir car il l'a impliquе dans un conflit foncier et je ne sais quoi d'autre. Le jour o? il le trouve, le soir, nous devons lui donner des onguents de yerba mora et le frictionner avec de l'aguardiente et du malambo.

Nous еtions arrivеs sur le site du rodеo. Au milieu du corral, ? l'ombre d'un guаsimo et ? travers la poussi?re soulevеe par les taureaux en mouvement, je dеcouvris Don Ignacio, qui s'approcha pour me saluer. Il montait un quarter horse rose et grossier, harnachе d'une еcaille dont l'еclat et la dеcrеpitude proclamaient ses mеrites. La maigre figure du riche propriеtaire еtait ainsi dеcorеe : de minables pauldrons de lion ? tiges ; des еperons d'argent ? boucles ; une veste de drap dеfait et une ruana blanche surchargеe d'amidon ; pour couronner le tout, un еnorme chapeau Jipijapa, de ceux qu'on appelle quand le porteur galope : Sous son ombre, le grand nez et les petits yeux bleus de Don Ignacio jouaient le m?me jeu que sur la t?te d'un paletоn empaillе, les grenats qu'il porte en guise de pupilles et le long bec.

J'ai racontе ? Don Ignacio ce que mon p?re m'avait dit au sujet du bеtail qu'ils devaient engraisser ensemble.

Il rеpondit : "C'est bon, dit-il, tu vois bien que les gеnisses ne peuvent pas ?tre meilleures : elles ressemblent toutes ? des tours. Tu ne veux pas entrer et t'amuser un peu ?

Les yeux d'Emigdio s'еcarquillent en regardant les cow-boys ? l'Cuvre dans le corral.

–Ah tuso ! cria-t-il ; "Attention ? ne pas desserrer le pial.... A la queue ! ? la queue !

Je me suis excusе aupr?s de Don Ignacio, le remerciant en m?me temps ; il a continuе :

Rien, rien ; les Bogotanos ont peur du soleil et des taureaux fеroces ; c'est pourquoi les gar?ons sont g?tеs dans les еcoles de l?-bas. Ne me laissez pas vous mentir, ce joli gar?on, fils de Don Chomo : ? sept heures du matin, je l'ai rencontrе sur la route, enveloppе dans un foulard, de sorte qu'un seul Cil еtait visible, et avec un parapluie !.... Vous, ? ce que je vois, vous n'utilisez m?me pas ce genre de choses.

A ce moment, le cow-boy criait, la marque au fer rouge ? la main, l'appliquant sur la palette de plusieurs taureaux couchеs et attachеs dans le corral : "Un autre… un autre".... Chacun de ces cris еtait suivi d'un mugissement, et Don Ignacio utilisait son canif pour faire une entaille de plus sur un b?ton de guasimo qui servait de foete.

Comme le bеtail pouvait ?tre dangereux lorsqu'il se levait, Don Ignacio, apr?s avoir re?u mes adieux, s'est mis ? l'abri en entrant dans un corral voisin.

L'endroit choisi par Emigdio sur la rivi?re еtait le meilleur endroit pour profiter de la baignade qu'offrent les eaux de l'Amaime en еtе, surtout au moment o? nous avons atteint ses rives.

Des guabos churimos, sur les fleurs desquels flottent des milliers d'еmeraudes, nous offraient une ombre dense et une liti?re de feuilles amortissantes o? nous еtendions nos ruanas. Au fond de la profonde piscine qui s'еtendait ? nos pieds, m?me les plus petits cailloux еtaient visibles et des sardines argentеes s'y еbattaient. En contrebas, sur les pierres non recouvertes par les courants, des hеrons bleus et des aigrettes blanches p?chaient ? l'Cil ou peignaient leur plumage. Sur la plage en face, de belles vaches еtaient couchеes, des aras cachеs dans le feuillage des cachimbo jacassaient ? voix basse, et allongеs sur les hautes branches, un groupe de singes dormaient dans un abandon paresseux. Les cigales rеsonnent partout de leurs chants monotones. Un ou deux еcureuils curieux passaient ? travers les roseaux et disparaissaient rapidement. Plus loin dans la jungle, nous entendions de temps en temps le trille mеlancolique des chilacoas.

Accroche tes collants loin d'ici", dis-je ? Emigdio, "sinon nous allons sortir du bain avec un mal de t?te.

Il rit de bon cCur et m'observe alors que je les dеpose sur la fourche d'un arbre lointain :

Voulez-vous que tout sente la rose ? L'homme doit sentir la ch?vre.

–S?rement ; et pour prouver que vous y croyez, vous portez dans vos collants tout le musc d'un chevrier.

Pendant notre bain, que ce soit la nuit et les rives d'un beau fleuve qui m'aient donnе envie de me confier ? lui, ou que ce soit parce que j'avais laissе des traces pour que mon ami se confie ? moi, il m'avoua qu'apr?s avoir gardе quelque temps le souvenir de Micaelina comme une relique, il еtait tombе еperdument amoureux d'une belle ?apanguita, faiblesse qu'il essayait de cacher ? la malice de Don Ignacio, puisque ce dernier chercherait ? le contrarier, parce que la jeune fille n'еtait pas une dame ; Et il finit par raisonner ainsi :

–Comme s'il pouvait me convenir d'еpouser une dame pour la servir au lieu d'?tre servi ! Et le gentleman que je suis, que diable pourrais-je faire avec une femme de cette sorte ? Mais si vous connaissiez Zoila ? Mon Dieu ! je ne vous lasse pas ; vous en feriez m?me des vers ; quels vers ! vous en auriez l'eau ? la bouche : ses yeux pourraient faire voir un aveugle ; elle a le rire le plus sournois, les pieds les plus jolis, et une taille qui....

Doucement", l'ai-je interrompu : "Tu veux dire que tu es si frеnеtiquement amoureux que tu te noieras si tu ne l'еpouses pas ?

–Je me marie m?me si le pi?ge m'emporte !

–Avec une femme du village ? sans le consentement de votre p?re ? Je vois : vous ?tes un homme ? barbe, et vous devez savoir ce que vous faites. Et Charles a-t-il des nouvelles de tout cela ?

–A Dieu ne plaise ! A Dieu ne plaise ! A Buga, ils l'ont dans la paume des mains et que voulez-vous qu'ils aient dans la bouche ? Heureusement, Zoila vit ? San Pedro et ne se rend ? Buga que tous les deux ou trois jours.

–Mais vous me le montrerez.

–C'est une autre affaire pour vous ; je vous emm?nerai quand vous voudrez.

? trois heures de l'apr?s-midi, j'ai quittе Emigdio, en m'excusant de mille fa?ons de ne pas avoir mangе avec lui, et je suis rentrеe ? la maison ? quatre heures.

Chapitre XX

Ma m?re et Emma sont sorties dans le couloir pour m'accueillir. Mon p?re еtait parti ? cheval pour visiter l'usine.

Peu apr?s, on m'appela dans la salle ? manger, et je ne tardai pas ? y aller, car je m'attendais ? y trouver Maria ; mais je fus trompе, et comme je la demandais ? ma m?re, c'est elle qui me rеpondit :

Comme les messieurs viennent demain, les filles sont occupеes ? faire des bonbons, et je pense qu'elles les ont terminеs et qu'elles vont venir maintenant.

Je m'appr?tais ? me lever de table lorsque Josе, qui venait de la vallеe vers la montagne avec deux mules chargеes de canne-brava, s'arr?ta sur la hauteur qui domine l'intеrieur et me cria dessus :

–Je ne peux pas y aller, parce que je porte une ch?cara et qu'il fait nuit. Je laisserai un message aux filles. Soyez tr?s matinal demain, car la chose est s?re.

Eh bien", ai-je rеpondu, "je viendrai tr?s t?t ; je dirai bonjour ? tout le monde.
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