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Le Collier de la Reine, Tome I

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2017
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Mais la foule, toujours plus curieuse que la garde, séjourna jusqu'à près de midi dans la cour de M. Réteau, espérant toujours que la scène du matin se renouvellerait.

Aldegonde, dans son désespoir, blasphéma le nom de Marie-Antoinette en l'appelant l'Autrichienne, et bénit celui de M. Cagliostro, en l'appelant le protecteur des lettres.

Lorsque Taverney et Charny se trouvèrent dans la rue des Vieux-Augustins:

– Monsieur, dit Charny, maintenant que notre exécution est finie, puis-je espérer que j'aurai le bonheur de vous être bon à quelque chose?

– Mille grâces, monsieur, j'allais vous faire la même question.

– Merci; j'étais venu pour affaires particulières qui vont me tenir à Paris probablement une partie de la journée.

– Et moi aussi, monsieur.

– Permettez donc que je prenne congé de vous, et que je me félicite de l'honneur et du bonheur que j'ai eu de vous rencontrer.

– Permettez-moi de vous faire le même compliment, et d'y ajouter tout mon désir que l'affaire pour laquelle vous êtes venu se termine selon vos souhaits.

Et les deux hommes se saluèrent avec un sourire et une courtoisie à travers lesquels il était facile de voir que, dans toutes les paroles qu'ils venaient d'échanger, les lèvres seules avaient été en jeu.

En se quittant, tous deux se tournèrent le dos, Philippe remontant vers les boulevards, Charny descendant du côté de la rivière.

Tous deux se retournèrent deux ou trois fois jusqu'à ce qu'ils se fussent perdus de vue. Et alors Charny, qui, ainsi que nous l'avons dit, était remonté du côté de la rivière, prit la rue Beaurepaire, puis, après la rue Beaurepaire, la rue du Renard, puis la rue du Grand-Hurleur, la rue Jean-Robert, la rue des Gravilliers, la rue Pastourelle, les rues d'Anjou, du Perche, Culture Sainte-Catherine, de Saint-Anastase et Saint-Louis.

Arrivé là, il descendit la rue Saint-Louis et s'avança vers la rue Neuve-Saint-Gilles.

Mais à mesure qu'il approchait, son œil se fixait sur un jeune homme qui, de son côté, remontait la rue Saint-Louis, et qu'il croyait reconnaître. Deux ou trois fois il s'arrêta, doutant; mais bientôt le doute disparut. Celui qui remontait était Philippe.

Philippe qui, de son côté, avait pris la rue Mauconseil, la rue aux Ours, la rue du Grenier-Saint-Lazare, la rue Michel-le-Comte, la rue des Vieilles-Audriettes, la rue de l'Homme-Armé, la rue des Rosiers, était passé devant l'hôtel de Lamoignon, et enfin avait débouché sur la rue Saint-Louis, à l'angle de la rue de l'Égout Sainte Catherine.

Les deux jeunes gens se trouvèrent ensemble à l'entrée de la rue Neuve Saint-Gilles.

Tous deux s'arrêtèrent et se regardèrent avec des yeux qui, cette fois, ne prenaient point la peine de cacher leur pensée.

Chacun d'eux avait encore eu, cette fois, la même pensée; c'était de venir demander raison au comte de Cagliostro.

Arrivés là, ni l'un ni l'autre ne pouvait douter du projet de celui en face duquel il se trouvait de nouveau.

– Monsieur de Charny, dit Philippe, je vous ai laissé le vendeur, vous pourriez bien me laisser l'acheteur. Je vous ai laissé donner les coups de canne, laissez-moi donner les coups d'épée.

– Monsieur, répondit Charny, vous m'avez fait cette galanterie, je crois, parce que j'étais arrivé le premier, et point pour autre chose.

– Oui; mais ici, dit Taverney, j'arrive en même temps que vous, et, je vous le dis tout d'abord: ici je ne vous ferai point de concession.

– Et qui vous dit que je vous en demande, monsieur; je défendrai mon droit, voilà tout.

– Et selon vous, votre droit, monsieur de Charny?..

– Est de faire brûler à M. de Cagliostro les mille exemplaires qu'il a achetés à ce misérable.

– Vous vous rappellerez, monsieur, que c'est moi qui, le premier, ai eu l'idée de les faire brûler rue Montorgueil.

– Eh bien! soit, vous les avez fait brûler rue Montorgueil, je les ferai déchirer, moi, rue Neuve-Saint-Gilles.

– Monsieur, je suis désespéré de vous dire que, très sérieusement, je désire avoir affaire le premier au comte de Cagliostro.

– Tout ce que je puis faire pour vous, monsieur, c'est de m'en remettre au sort; je jetterai un louis en l'air, celui de nous deux qui gagnera aura la priorité.

– Merci, monsieur; mais, en général, j'ai peu de chance, et peut-être serais je assez malheureux pour perdre.

Et Philippe fit un pas en avant.

Charny l'arrêta.

– Monsieur, lui dit-il, un mot, et je crois que nous allons nous entendre.

Philippe se retourna vivement. Il y avait dans la voix de Charny un accent de menace qui lui plaisait.

– Ah! dit-il, soit.

– Si, pour aller demander satisfaction à M. de Cagliostro, nous passions par le bois de Boulogne, ce serait le plus long, je le sais bien; mais je crois que cela terminerait notre différend. L'un de nous deux resterait probablement en route, et celui qui reviendrait n'aurait de compte à rendre à personne.

– En vérité, monsieur, dit Philippe, vous allez au-devant de ma pensée; oui, voilà en effet qui concilie tout. Voulez-vous me dire où nous nous retrouverons?

– Mais, si ma société ne vous est pas trop insupportable, monsieur…

– Comment donc?

– Nous pourrions ne pas nous quitter. J'ai donné ordre à ma voiture de venir m'attendre place Royale, et comme vous savez, c'est à deux pas d'ici.

– Alors, vous voudrez bien m'y donner une place.

– Comment donc, avec le plus grand plaisir.

Et les deux jeunes gens, qui s'étaient sentis rivaux au premier coup d'œil, devenus ennemis à la première occasion, se mirent à allonger le pas pour gagner la place Royale. Au coin de la rue du Pas-de-la-Mule, ils aperçurent le carrosse de Charny.

Celui-ci, sans se donner la peine d'aller plus loin, fit un signe au valet de pied. Le carrosse s'approcha. Charny invita Philippe à y prendre sa place. Et le carrosse partit dans la direction des Champs-Élysées.

Avant de monter en voiture, Charny avait écrit deux mots sur ses tablettes, et fait porter ces mots par son valet de pied à son hôtel de Paris.

Les chevaux de M. de Charny étaient excellents; en moins d'une demi-heure ils furent au bois de Boulogne.

Charny arrêta son cocher quand il eut trouvé dans le bois un endroit convenable.

Le temps était beau, l'air un peu vif, mais déjà le soleil humait avec force le premier parfum des violettes et des jeunes pousses de sureaux aux bords des chemins et sous la lisière du bois.

Sur les feuilles jaunies de l'année précédente, l'herbe montait orgueilleusement parée de ses graines à panaches mouvants, les ravenelles d'or laissaient tomber leurs têtes parfumées le long des vieux murs.

– Il fait un beau temps pour la promenade, n'est-ce pas, monsieur de Taverney? dit Charny.

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